Le pilote djiboutien Fouad Yousssouf Ali est accusé de trahison et risque la prison à vie. Une vidéo qu’il avait enregistrée dans sa cellule de la prison de Gabode pour dénoncer ses conditions de détention a entraîné des manifestations jusqu’à ce mercredi hier encore. L’affaire est loin d’être terminée car le pilote a entamé hier une grève de la faim.
avec notre correspondant à Nairobi, Sébastien Nemeth
Fouad Youssouf Ali a cessé de s’alimenter. Selon son avocat, le pilote demande à être hospitalisé et à bénéficier de meilleures conditions de détention. Deux médecins sont bien venus le voir, a reconnu Maître Zacharia Abdullahi, « ils ont promis des analyses médicales, mais elles n’ont jamais eu lieu », dit-il. Des propos qui vont à l’opposé des derniers développements.
En effet, une interview de Fouad Youssouf Ali a été diffusée mardi à la télévision nationale. Un entretien enregistré à la prison de Gabode, par la Commission nationale des droits de l’Homme, dans lequel l’officier explique ne pas avoir été maltraité.
« C’est la preuve qu’il est bien portant. Il s’exprime avec aisance et librement », a réagi Daoud Houmed, porte-parole de la majorité. « Montage ! » rétorque maître Abdullahi, ajoutant que « son client avait été choqué de voir ses propos déformés. C’était un piège », dit-il.
Vu le retentissement de l’affaire, le président de la CNDH et ancien ministre Saleban Omar Oudin, a lui aussi pris la parole. « Il n’a fait l’objet d’aucune maltraitance », dit-il. Il explique que le pilote était traité comme les autres, que sa cellule de 4 mètres sur 2 comportait ventilateur, fenêtre et grille d’aération. Bref rien de choquant.
« Cette commission est aux ordres du pouvoir et sa vidéo une mascarade », a réagi le militant des droits de l’homme Omar Ali Ewado. Pour lui, l’interview édulcorée du pilote avait pour seul but de calmer la grogne populaire. « C’était une opération de communication », dit-il.
La prochaine audience est prévue le 18 juin.