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Coronavirus: l’Afrique face à la pandémie le samedi 18 avril

L’Afrique comptait officiellement ce samedi 18 avril 19 895 cas confirmés de coronavirus. Le seuil des 1 000 décès liés au Covid-19 a par ailleurs été franchi selon le Centre pour la prévention et le contrôle des maladies de l’Union africaine. L’Egypte est le pays affichant le plus de malades avec 2 844 cas, suivi par l’Afrique du Sud, le Maroc et l’Algérie. 

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  • Le seuil des 1 000 décès franchi sur le continent

Alors que l’Afrique approche la barre des 20 000 cas de Covid-19 recensés, le Centre pour la prévention et le contrôle des maladies de l’Union africaine affirme ce samedi que 1 017 décès liés au coronavirus ont déjà été enregistrés. L’Algérie est le pays affichant le taux de mortalité le plus élevé avec 364 morts. Viennent ensuite l’Egypte (205), le Maroc (135) et l’Afrique du Sud (50).

  • Décès du directeur de cabinet du président nigérian Muhammadu Buhari

Abba Kyari, le directeur de cabinet et principal conseiller du chef de l’Etat nigérian est décédé vendredi après avoir contracté le nouveau coronavirus. C’est la présidence qui l’a annoncé dans un communiqué publié dans la nuit. Abba Kyari est ainsi la plus haute personnalité du Nigeria à avoir succombé au virus qui a officiellement contaminé 493 personnes, et fait 17 morts.

Son âge exact n’a jamais été révélé publiquement, mais il avait vraisemblablement plus de 70 ans et était un personnage mystérieux, une figure du premier cercle de Muhammadu Buhari. Abba Kyari contrôlait en effet l’accès au chef de l’Etat. Il supervisait toutes les réunions stratégiques à la présidence et accordait les audiences du président aux ministres. Il avait été testé positif au coronavirus fin mars, après un séjour en Allemagne, suscitant la panique au sommet de l’Etat et obligeant dans la foulée plusieurs hauts responsables nigérians ayant été en contact avec lui à se mettre en quarantaine. Le 29 mars, Abba Kyari avait annoncé avoir été transféré à Lagos, la capitale économique du Nigeria pour être soigné et espérait « être de retour au bureau très bientôt ». 

  • En Guinée, décès du chef de la commission électorale et port du masque obligatoire

Amadou Salif Kébé, président de la Commission électorale nationale indépendante (Céni) est décédé des suites du coronavirus vendredi 17 avril à Conakry. Par communiqué, la présidence guinéenne a salué l’« expertise » apportée par M. Kébé durant les périodes électorales, « dans un contexte souvent contradictoire ». Récemment, Amadou Salif Kébé et la Céni avaient été au centre d’une controverse liée à l’organisation fin mars d’un référendum constitutionnel. Un scrutin boycotté par l’opposition qui dénoncait une manoeuvre du président Alpha Condé, élu en 2010 puis réélu en 2015, visant à briguer un troisième mandat fin 2020.

C’est par ailleurs ce samedi qu’entre en vigueur le port obligatoire du masque, l’une des mesures préventives annoncées par le président de la République pour tenter d’endiguer la propagation du coronavirus. Dans la capitale, des contrôles de police sont effectués aux principaux carrefours et les contrevenants risquent une amende fixée à 30 000 francs guinéens (environ 3 euros). A ce jour, la Guinée a enregistré 477 cas confirmés dont 59 guéris et 3 décès.

  • Une infirmière équato-guinéenne emprisonnée pour avoir critiqué un hôpital

Après avoir été convoquée par le ministre de la Santé, une infirmière équato-guinéenne, Nuria Obono Ndong Andem, a été placée en détention préventive jeudi 16 avril à Malabo pour délit de « violation de secrets ». La justice lui reproche d’être à l’origine d’un message mettant en cause l’établissement dans lequel elle travaille. Son message audio, partagé sur WhatsApp à une amie, a été largement relayé sur les réseaux sociaux. Elle y affirmait que « l’hôpital de Sampaka, dont la télévision nationale vante la capacité à traiter les malades du coronavirus, n’a pas d’oxygène pour les malades du Covid-19 ». En réponse, la chaîne de télévision nationale, TVGE, a diffusé un démenti des autorités sanitaires et diffusé des images de bonbonnes d’oxygène.

Le parti d’opposition Convergence pour la démocratie sociale, CPDS, exige dans un communiqué sa libération immédiate expliquant qu’« une soignante est plus importante en ce moment que la colère d’un ministre ». « La liberté d’expression est garantie par la Constitution », argue pour sa part Citoyens pour l’innovation, parti d’opposition dissous par les autorités en février 2018. Un mouvement pro-démocratie et de droits de l’homme, SOMOS+, a quant à lui entamé une campagne revendiquant la liberté de l’infirmière baptisée « Je suis Nuria Obono Ndong ».  

  • Très critiqué, le Premier ministre du Lesotho déploie l’armée

Mis en cause dans l’assassinat de son épouse en 2017 et après avoir annoncé qu’il démissionnerait d’ici la fin juillet, le Premier ministre du Lesotho Thomas Thabane a ordonné ce samedi le déploiement de l’armée dans les rues du petit royaume. Lors d’un discours surprise à la radio et à la télévision nationales, le chef de gouvernement a annoncé l’intervention des militaires afin de « rétablir la paix et l’ordre ». Ces mesures « ont été prises pour éviter de mettre la nation en danger et pour assurer sa protection, ainsi que pour essayer d’endiguer l’épidémie de Covid-19 », a également justifié Thomas Thabane.

Des soldats armés, équipés de casques et de gilets pare-balles patrouillaient donc ce samedi matin dans les rues de la capitale Maseru, à pied ou à bord de véhicules blindés. Le chef de la police et ses deux adjoints ont été arrêtés par l’armée, selon une source officielle anonyme. Le Lesotho avait déjà été placé sous confinement total jusqu’au 21 avril, aucun cas de coronavirus n’a officiellement été annoncé à ce jour. Le chef de l’opposition a vivement dénoncé la décision de Thomas Thabane : « Il s’agit d’un recours abusif aux forces de sécurité », a regretté Mathibeli Mokhothu, président du Congrès démocratique (DC). Ce dernier a accusé le Premier ministre de « menacer l’indépendance de la justice » et de « mettre en péril la paix au Lesotho ». 

  • En Afrique du Sud, situation tendue dans les townships

En Afrique du Sud, première puissance industrielle du continent, 20 % des foyers ont, en temps normal, un accès insuffisant à la nourriture, selon l’Office national des statistiques. Et la situation s’est brusquement détériorée avec le confinement anti-coronavirus en vigueur depuis trois semaines, prolongé par le président Cyril Ramaphosa jusqu’à fin avril. Résultat : de nombreux habitants des townships et bidonvilles ayant perdu leur emploi du jour au lendemain, l’accès à la nourriture devient encore plus problématique et exacerbe les tensions.

Les autorités ont bien mis en place une distribution de nourriture pour les plus vulnérables, mais de nombreux Sud-Africains tardent à recevoir ces colis pourtant vitaux, comme dans la région du Cap. Des heurts avec la police et des pillages éclatent ainsi dans ces quartiers pauvres. Dans une vidéo postée sur les réseaux sociaux, Joanie Fredericks, une militante associative, interpelle le chef de l’Etat et parle de situation de « guerre » . « Des personnes ont vandalisé des commerces. Ils ont attaqué des gens. La seule raison, c’est qu’ils ont faim », déclare-t-elle. 

  • Un manque de financements pressant pour le continent

Alors que l’Afrique devrait connaître cette année sa pire récession en 25 ans et que la riposte sanitaire mobilise beaucoup de moyens, il manque encore des financements. C’est ce qui ressort d’une réunion consacrée vendredi à la mobilisation pour le continent par la Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI). « Ensemble, les créanciers officiels ont mobilisé jusqu’à 57 milliards de dollars pour l’Afrique en 2020 », indiquent les deux institutions dans un communiqué commun. « Le soutien des créanciers privés pourrait s’élever à environ 13 milliards de dollars. C’est un début important, mais le continent a besoin d’environ 114 milliards de dollars en 2020 dans sa lutte contre le Covid-19, ce qui laisse un déficit de financement d’environ 44 milliards de dollars », ajoutent-ils.

Sur les 57 milliards déjà mobilisés, plus de 36 milliards proviennent du FMI et de la Banque mondiale à part quasi égale. Cette somme est allouée pour fournir des services de santé « de première ligne, soutenir les pauvres et les vulnérables ». Il s’agit en outre « de maintenir les économies à flot face au pire ralentissement économique mondial depuis les années 1930 », ont-ils expliqué.

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