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DIPLOMATIE

Pilotage des relations UA-partenaires financiers: pourquoi Tidjane Thiam et Edem Kodjo ?

Dans l’actualité, cette semaine, deux noms inspirent une réflexion sur l’incapacité de l’Afrique à tirer le meilleur de ses élites : Tidjane Thiam, une des quatre personnalités désignées par le président Ramaphosa pour piloter les relations avec les partenaires financiers de l’Afrique ; et Edem Kodjo, ancien secrétaire général de l’OUA, décédé le 11 avril. Pourquoi ces deux hommes ?

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Bien évidemment, la valeur des trois autres membres du quatuor n’est pas en cause. Mais les profils de Kodjo et de Thiam parlent davantage aux auditeurs de notre microcosme franco-africain. Tidjane Thiam est polytechnicien. Avec un parcours brillant, parsemé de quelques injustices, mais il a toujours su faire ses preuves. Edem Kodjo est énarque, sujet d’élite brillant, ancien administrateur de Radio France, et sans doute un de ces Africains (avec Babacar Ndiaye), auxquels la génération des Ngozi Okonjo-Iweala, Donald Kaberuka, Trevor Manuel et Tidjane Thiam, pouvait, dans les années 80, vouloir ressembler.

Edem Kodjo a marqué l’histoire du continent, par sa vision prospective, audacieuse. Peut-être même l’Afrique n’en serait-elle pas à quémander, aujourd’hui, des moratoires, si elle avait suivi, dès 1980, « son » Plan d’Action de Lagos. Il n’est cependant jamais parvenu au niveau d’où il aurait pu donner toute la mesure de sa réelle valeur, car ses erreurs lui ont été beaucoup moins pardonnées qu’à d’autres.

En dépit d’un premier mandat convaincant, il a été privé d’un second, à l’OUA, par pure mesquinerie nationale. Il traversera l’exil avec l’aisance insolente de celui qui a tout réussi. L’économiste camerounais Célestin Monga, qui l’avait pour mentor, le décrivait alors comme un : « Souverain-né, (…) qui, à 49 ans, donnait l’impression d’avoir le présent, le passé, et même l’avenir derrière lui ».

Qu’a donc fait le continent de cette brillante élite ?

Dans Redemption Song, qui vaut testament, Bob Marley se demandait : « Combien de temps il allait encore nous falloir laisser démolir nos prophètes, avant de réagir ». A Zürich, Tidjane Thiam a été traîné dans la boue. Et l’Afrique est restée muette. Il a, certes, par ses résultats, imposé le respect, mais au prix de quels sacrifices personnels ! En 2002, on en parlait comme d’un possible ministre de Jacques Chirac, mais il n’en sera rien. N’en pouvant plus du plafond de verre, il quitte la France pour la Grande-Bretagne, où il devient, vite, patron d’une des plus grandes compagnies d’assurances au monde. Ce fut, ensuite, le Crédit Suisse, qu’il vient de quitter, malgré lui, après des résultats pourtant éclatants. Et voilà que, soudain, tout le monde se met à préciser qu’il est franco-ivoirien. Soit ! Mais Cyril Ramaphosa l’a sollicité pour ce qu’il est, fondamentalement : un Africain ! De grâce, qu’on le laisse à l’Afrique !

N’est-il pas tout simplement un citoyen du monde ?

Si l’Afrique avait été cette nation solide dont rêvaient George Padmore, Marcus Garvey et autres Kwame Nkrumah, Tidjane Thiam n’aurait jamais eu besoin d’aller travailler à Londres ou ailleurs. Les meilleurs Américains ne sont pas en Europe, pas plus que les meilleurs Asiatiques ne sont en Europe. Et les meilleurs Botswanais sont au Botswana, pays qui fait bonne mine, sur le continent. Et avec ses richesses naturelles, sa jeunesse, et ses élites, brillantes et autrement plus nombreuses que les quatre aujourd’hui portés aux nues, l’Afrique a les moyens de prospérer, sans avoir besoin ni d’aumône ni de maîtres à penser.
Il faut juste prendre congé de la médiocrité, et laisser l’excellence se saisir des commandes du gouvernement de l’Afrique, pour en finir avec ce qu’il faut bien appeler un état de déclin permanent !

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