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Coronavirus: dans le bidonville de Kibera, la crainte d’une explosion de la criminalité

Des mesures de restrictions sont en place pour lutter contre la propagation du coronavirus. Mais cette situation fragilise les populations les plus pauvres et dans le bidonville de Kibera, à Nairobi, les habitants craignent une explosion de la criminalité.  

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Avec notre correspondant à Nairobi, Sébastien Németh

Lors d’une allocution jeudi, le président a annoncé un train de mesures. Il a demandé au gouvernement de préparer un plan en faveur des agents de santé. 85 millions de dollars seront alloués aux travailleurs, 50 millions iront aux comtés pour l’achat de masques et tenues de protection. Des familles sélectionnées parmi les plus pauvres ont commencé à recevoir depuis jeudi des allocations. Des mesures de restrictions sont déjà en place. Un confinement partiel de Nairobi, un couvre-feu nocturne, des limitations dans les transports, etc. 

Un contexte qui fragilise les populations les plus pauvres, notamment dans le quartier de Kibera, dans la capitale. Les habitants du plus grand bidonville du pays surveillent les annonces du gouvernement. Ce qu’ils craignent par-dessus tout : un confinement total de la population, qui risque de faire exploser la criminalité. Car Kibera est l’un des quartiers les plus dangereux de Nairobi. 

Dix ans que Jeffrey Mogo est boucher dans le bidonville, et il n’a jamais vu une telle crise. Les clients ne viennent plus et la viande est plus chère. Bref son salaire a baissé de moitié. Et c’est tout Kibera qui subit la même situation. Si ça continue comme ça, la criminalité explosera.

Il explique que le manque de travaille entraînera une famine et que les gens ordinaires se transformeront en criminels. Il y a trois ans, Jeffrey Mogo a été braqué dans sa boucherie. Il pense que si la situation dure, la même chose pourrait lui arriver. Les commerces comme le sien sont des cibles, car les autres voient s’il travaille et donc gagne potentiellement de l’argent. 

«Seuls les riches survivent»

Mais Kibera ne sera pas le seul endroit touché. Obligés de nourrir leurs familles, les gens des bidonvilles viseront d’autres quartiers pour s’en prendre aux populations plus aisées. C’est ce que pense Joan Laki, qui devant son bus attend des clients qui ne viennent pas.

Seuls les riches survivent, dit-il. Enfermés chez eux, ils ont assez d’argent pour faire des stocks de nourriture alors que lui a un compte bancaire vide. Si jamais le président Kenyatta annonce un confinement total, Joan Laki est certain que la pauvreté le poussera à sortir pour voler. « Je préfère que la police me tue, plutôt que le virus ou la faim », dit-il.

Couvre-feu dangereux

Certains comme Mohamed Ahmed ont déjà constaté des problèmes. Le couvre-feu nocturne est devenu particulièrement dangereux à Kibera. Il dit que parmi les jeunes désoeuvrés, certains en profitent pour attaquer ceux qui sont encore dehors après 19h. Dans les ruelles sombres du bidonville, certains se font dérober leur téléphone et le peu d’argent qu’ils ont.

Des scènes amenées à se répéter si le coronavirus n’est pas rapidement vaincu. Jeudi, le président Uhuru Kenyatta a annoncé la découverte de 9 nouveaux cas de Covid-19 dans les dernières 24h. 234 personnes sont aujourd’hui atteintes par le coronavirus dans le pays qui déplore 11 morts. 1 000 personnes sont en quarantaine et 156 en unité d’isolement. 

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