LE JOURNAL.AFRICA
ART

Jizzle nouvelle star gambienne

Révélation gambienne des musiques urbaines, Jizzle a sorti son premier tube Turn By Turn fin 2019. Aujourd’hui incontournable dans ce petit pays d’Afrique de l’Ouest, l’artiste de 25 ans veut propager sa musique à travers le continent.

C’est un virus nommé Turn By Turn échappé d’un studio gambien. Le patient zéro pourrait s’appeler Youtube. Publication de vidéo, diffusion radio, fièvre sur les dancefloors, mutation en sonneries de téléphone et même éruption en lettres majuscules sur les taxis de Banjul. Souvenir d’un monde où la viralité avait du bon. « Turn By Turn est juste une mise en bouche » prévient Jizzle qui rêve d’une « contagion » planétaire.  

Vue de drone, sa popularité ressemble à une constellation de 30.000 loupiotes de téléphones éclairant le stade de l’Indépendance. Concert en Gambie à guichets fermés organisé fin novembre. « C’est mon plus gros concert et ce n’était pas simple de réunir plus de 30.000 personnes, ça m’a pris des années pour me construire, avoir confiance et être aimé » tempère Jizzle avec humilité.

Ses chansons esquissent les galères passées : « je ne veux plus jamais être fauché » (Broke Again), « souviens-toi, je ne pouvais rien me payer, je n’avais qu’une seule paire de chaussures, maintenant je les ai toutes » (Levulo).Elles évoquent aussi un désir de revanche : « je veux vivre la grande vie, voyager autour du monde et gagner des millions » (Successful). Et raillent l’intérêt soudain des filles quand éclot la notoriété : « où étais-tu quand je n’étais rien ? » (Where Was U)

Difficile monétisation du succès

Cette récente et relative popularité ne transforme pas les écoutes en or. La débrouille reste un refrain quotidien pour les artistes gambiens. « Les royalties ne représentent pas grand-chose et le streaming est relativement nouveau ici. Donc l’argent que l’on gagne vient des concerts. Avec cet argent, tu finances les sessions en studio et tu produis les vidéos clips «  schématise Jizzle.

Cette économie circulaire vient d’être enrayée par la pandémie du Covid-19. Ses concerts prévus en Gambie jusqu’au 6 juin ont été suspendus, tout comme la tournée en Europe et aux États-Unis. Les frontières se sont refermées sur l’artiste en quête d’expansion.

Audience au palais présidentiel

Une ambition partagée par le président Adama Barrow. « Nous voulons que les artistes gambiens rivalisent sur la scène mondiale » déclare le chef de l’Etat fin novembre devant Jizzle. Le chanteur est invité au palais présidentiel après son « méga-concert » au stade de l’Indépendance pour être félicité. « Nous devrions tous en être fier. C’est important, pas seulement pour vous, mais pour le pays tout entier et mon gouvernement » amplifie le président gambien.

Coiffé d’un durag et faisant le signe de la victoire avec les doigts, Jizzle savoure. Il en profite pour faire passer un message. « Nous avons eu un bonne conversation à propos des défis que rencontre la scène musicale et de l’aide dont nous avons besoin ». Jizzle a suffisamment investi son propre argent pour connaître les limites du système. « Nous n’avons pas d’industrie musicale. Dans le milieu, tout le monde travaille dur pour gagner de l’argent avec ses sons ».

Prochain album en préparation

Les collaborations présentes sur Scorpion Vol.1 (Oxlade et Idyl) ouvrent la voie vers le Nigeria où l’industrie musicale est enviée. Pour Scorpion Vol. 2 que Jizzle est en train de mitonner, les ingrédients pourraient être plus nobles. « J’en suis à la moitié de l’album mais je ne le sortirai pas avant d’avoir Wizkid, Burna Boy, Davido, Diamond Platinumz, Dadju et Mr Eazi… haha, non je déconne. Mais ce sont des artistes que je cherche à avoir sur l’album. »

Dans le dernier morceau de Jizzle sortiÉle 20 mars il n’est plus question de « make your booty bum bum trampoline » (Gang Gang), ni d’amour ni d’argent. « Lave toi les mains », « évite les poignées de main » prescrit le Dr Jizzle sur Coronavirus, un message de prévention sponsorisé pour l’UNICEF. Et pour éviter l’ennui du confinement, administrez-vous une piqûre quotidienne de Scorpion Vol.1

Jizzle Scorpion Vol.1 (2019)
Facebook / Instagram

  Par : Romain Chanson

Articles similaires

L’historien et intellectuel guinéen Djibril Tamsir Niane est mort

RFI AFRIQUE

«Système K», la nouvelle scène artistique de la capitale congolaise

RFI AFRIQUE

RDC: Because of Money, le film primé du festival Films Za Kwetu 2022

LE JOURNAL.AFRICA
Verified by MonsterInsights