Les services de la présidence pouvaient-ils soupçonner plus tôt les malversations sur le « programme des 100 jours » ? Ce lundi, sur RFI, l’ancien coordonnateur de ce programme d’urgence expliquait qu’il ne se souvenait plus des critiques de la société civile dans les mois qui ont suivi l’annonce des 100 jours. Or, plusieurs organisations assurent avoir prévenu et même signalé les contrats concernés.
C’est en juillet 2019, quatre mois après le lancement du « programme des 100 jours », que la Lutte pour le changement (Lucha) alerte sur les réseaux sociaux sur deux contrats attribués au même homme d’affaires Jammal Samih. Cela concerne 114 millions de dollars au total, dont 57 millions attribués à une société créée deux mois plus tôt.
Pour Bienvenu Matumo, militant de la Lucha la présidence avait toutes les informations nécessaires pour agir : « C’est surprenant de constater que la présidence de la République, qui était le maître d’ouvrage, considère qu’elle n’était pas informée des dénonciations que la société civile avait faites. Nous, nous redoutions à ce moment des pratiques de corruption et des rétrocommissions qui se cachaient derrière ces marchés. Cela montre l’irresponsabilité qui a caractérisé la mise en œuvre de ce programme dit « des 100 jours ». »
Une absence de réaction qui a coûté cher
A l’époque, l’Observatoire de la dépense publique avait souligné la surfacturation de ces maisons préfabriquées et avancé le montant de 1 900 dollars par maison, un prix jugé exorbitant. Cette ONG congolaise dit avoir multiplié les courriers sur différents marchés, tous attribués de gré à gré. Pour son chargé de communication, Valery Madianga, l’absence de réactions de la présidence a coûté cher au Trésor public : « Si par exemple, ce service avait fait réellement son travail, on n’arriverait pas aujourd’hui à des cas de détournements de fonds publics parce que nous estimons qu’en ce temps-là, les fonds n’étaient pas encore décaissés. On pouvait rapidement relancer la procédure et épargner des millions de dollars que le Trésor public a perdu aujourd’hui. »
L’ambassadeur Nicolas Kazadi, à l’époque coordonnateur du « programme des 100 jours », a reconnu une faiblesse dans le contrôle. L’attribution de marché à l’homme d’affaires Jammal Samih, toujours détenu, est l’un des dossiers clefs de l’accusation contre le directeur de cabinet du président, Vital Kamerhe.
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