« La fin de Fatshivit ? » lance La Prospérité. Fatshivit, c’est le mot valise créé lors de l’élection présidentielle pour présenter le tandem formé par Félix Tshisekedi et Vital Kamerhe, alliance ayant abouti à l’accession au poste de chef de l’État du premier nommé et à la nomination du second comme chef de cabinet de la présidence.
Le journal revient sur le scénario rocambolesque de la journée d’hier mercredi avec la convocation de Vital Kamerhe devant le parquet général de Kinshasa pour évoquer une affaire de possibles détournements de fonds alloués au programme d’urgence des 100 jours lancé par le président Tshisekedi. Mais devant le procureur, le chef de cabinet « est passé du statut de simple renseignant à celui de détenu », s’exclame La Prospérité qui relate les passes d’armes qui se sont déroulées durant la journée sur les réseaux sociaux entre les partisans du parti présidentiel, l’UDPS et ceux de la formation de Vital Kamerhe, l’UNC. « La guerre est-elle déclenchée ? » se demande ainsi le quotidien.
La question mérite d’être posée, car l’enjeu politique est important, mais le côté judiciaire également : Radio Okapi rapporte que Vital Kamerhe risque jusqu’à 20 ans de prison dans cette affaire.
D’autant que l’audition du patron de l’UNC a été difficile, rapporte Mediacongo.net : il a éprouvé « d’énormes difficultés à répondre à certaines questions du procureur, notamment sur les passations des marchés publics de gré à gré [ou sur] la présence de sa signature sur certains documents », affirme le site d’informations.
La Prospérité s’interroge quant à elle sur « le caractère inquisitorial de l’instruction provisoire », se demandant s’il n’y a pas une forme « d’acharnement » dans cette affaire ou « d’interférence extérieure », tout en rappelant que la fonction de Vital Kamerhe ne lui offre aucun privilège du à son rang et qu’il est « un justiciable comme tout le monde. »
Les médias congolais qui s’inquiètent également de l’impact sanitaire de l’épisode
Alaunerdc.com revient sur cette « journée des cauchemars » avec dès la fin de matinée un important rassemblement de supporters de Vital Kamerhe devant la Cour d’appel, sans compter les journalistes et membres de la société civile.
« Les gestes barrières pour éviter la propagation du coronavirus comme la distanciation sociale et les rassemblements de plus de 20 personnes sont bafouées », s’alarme le site d’informations, alors que « la police assiste impuissante à ce spectacle ». L’arrivée du chef de cabinet de la présidence vire « au délire total, ses militants veulent à tout prix le toucher. » Et il faut l’intervention de la police et de son service de sécurité pour « l’extirper de la foule. »
Les médias congolais ne rapportent en revanche aucun incident lors du transfert de Vital Kamerhe à la prison de Makala, Alaunerdc notant toutefois que l’établissement pénitentiaire « n’a jamais reçu un si grand hôte de marque depuis sa fondation sous l’ère coloniale. »
Une incarcération qui intervient en tout cas en parallèle de la libération de plusieurs dizaines de détenus de cette même prison de Makala, rapporte Radio Okapi, dans le cadre de la lutte contre le Covid-19
Et l’emprisonnement de Vital Kamerhe fait réagir au delà des frontières congolaises.
Et en particulier au Burkina Faso où le quotidien Aujourd’hui au Faso se demande si cette détention provisoire est « un précoce règlement de comptes avant 2023 », date de la prochaine présidentielle en RDC. « Début du clash » au Cash, l’alliance politique entre les partis de Félix Tshisekedi et Vital Kamerhe, poursuit le journal, estimant que le directeur de cabinet de la présidence a manifestement été « lâché » alors qu’il disposait de « deux parapluies » d’importance, son poste tout d’abord et sa proximité avec l’ancien président Kabila.
C’est en tout cas « la preuve que les choses ne sont plus comme elles étaient en République Démocratique du Congo », juge l’Observateur Paalga, pour qui « pareille situation eut en effet été inimaginable sous Jospeh Kabila, même s’il faut se garder de penser que la justice est devenue toute puissante et indépendante. »
« L’heure du divorce » Tshisekedi Kamerhe, a peut être sonné, poursuit l’Observateur Paalga, notamment avec « la dispersion au gaz lacrymogène des partisans de Kamerhé. »
Mais Aujourd’hui au Faso se demande si Félix Tshisékédi « ne risque-t-il pas gros lui-même, car [son chef de cabinet] était son fusible, son pare-feu » et ajoute l’Observateur Paalga, « le grand ordonnateur » du projet phare du nouveau président, ce programme des 100 jours lancé voilà un peu plus d’un mois et qui fait déjà l’objet d’un audit et donc désormais d’une information judiciaire.
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