Le Parti communiste soudanais est l’un des plus vieux et des plus influents partis communistes d’Afrique, et l’un des derniers encore très actif. Son rôle d’organisateur a été déterminant pour le succès de la révolution de 2019 et sa place dans la vie politique soudanaise est encore importante.
On dit qu’il y a deux sièges du Parti communiste soudanais. L’officiel, dans une rue arborée de Khartoum Nord, et l’officieux, sous les arcades du centre-ville, où le soir ses sympathisants boivent le thé et discutent, disséminés sur de petits tabourets. « Cet endroit a une valeur symbolique importante pour nous. Jadis c’était le lieu où se réunissaient les intellectuels de gauche pour discuter de la vie du pays. En nous réunissant ici, nous perpétuons cet héritage », déclare Hazim.
Pendant la révolution, il a été très actif au sein de son Comité de résistance, où comme communiste il s’est voulu avant tout utile, comme son camarade Adil Mohamed Ali. « Nous ne sommes ni le gouvernement ni l’opposition. Nous sommes depuis la naissance de notre parti au service des demandes du peuple, à l’écoute de ce qui lui est utile, c’est tout », dit Adil Mohamed Ali.
Tous ont pleuré le jour de la chute d’Omar el-Béchir parce que beaucoup d’amis ont été tués ou brutalisés par l’ancien régime. Comme Nourredine, un jeune militant en djellaba fumant une cigarette, qui raconte sans émotion apparente avoir été torturé à l’électricité dans un commissariat.
« La paix et la justice sociale »
Même placidité au siège du parti. Fathi Fadul est son porte-parole et membre de son Comité central. Lui veut dissiper la crainte que provoque son influence, une crainte sciemment entretenue, selon lui.
« Nous savons que nous ne gagnerons jamais seuls les élections dans un pays comme le Soudan. Et nous n’avons jamais pensé que ce serait le cas. Cette image est créée artificiellement pour exciter l’anticommunisme et déstabiliser le pays », avance-t-il. Mais il ajoute : « Une chose est sûre : nous sommes là pour rester. Et à nos conditions. Notre objectif est clair : dans le cadre d’un front politique large, l’indépendance et la démocratie. La paix et la justice sociale, comme le dit notre slogan, cela reste notre but. »
La place des militaires pour le Parti communiste soudanais
La ligne de fracture avec les autres formations politiques de la transition ? Essentiellement la juste place des militaires, insiste Fathi Fadul. « Nous voulons maintenant l’instauration d’un Parlement civil, pour parachever la révolution civile. Nous refusons de dire que les militaires sont des partenaires dans la révolution, ce n’est pas vrai. Nous ne les acceptons que comme Soudanais, ni plus ni moins. »
Ici personne n’oublie que la révolution de 2019 est survenue dans un contexte de bouillonnement social continu, qui était surtout le fait de ce parti communiste bien particulier.
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