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Coronavirus: comment le Sénégal fait face à la pandémie

Pour tenter d’enrayer la pandémie, le Sénégal a décidé le dimanche 5 avril de prolonger l’état d’urgence de 30 jours. Le couvre-feu reste en vigueur de 20h à 6h du matin. Toutes les personnes téstées positives au Covid-19 sont systématiquement hospitalisées. Entretien.

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Le docteur Abdoulaye Bousso est directeur du centre des opérations d’urgence sanitaire au ministère de la Santé et de l’action sociale, à Dakar, au Sénégal.

Lundi 6 avril au matin, il était l’invité de l’émission Priorité santé, sur RFI.

Quelle est la situation actuelle au Sénégal ?

Le Sénégal compte 222 cas testés positifs. Parmi eux, nous avons 82 personnes qui sont guéries. Nous avons déploré deux décès et une personne a été rapatriée en France. Sur nos 14 régions, huit sont touchées par cette épidémie.

Avec comme stratégie l’hospitalisation systématique des personnes testées positives ?

Tout à fait. Nous hospitalisons systématiquement toutes les personnes testées positives, même celles qui sont peu symptomatiques. C’est notre stratégie aujourd’hui. Nous travaillons pour avoir le maximum de lits disponibles, pour pouvoir prendre en charge ce type de personnes.

Aujourd’hui, sur les cas testés positifs, avez-vous des indications sur la proportion de personnes qui développent des formes sévères ?

Les deux personnes décédées et la personne rapatriée en France avaient développé des formes sévères et ont nécessité une assistance respiratoire. Deux autres cas ont développé des formes sévères, mais n’ont pas eu besoin d’être intubés. Ces personnes ont pu revenir à un état plus stable et être transférées vers des sites d’hospitalisation.

Est-ce que les personnes chez qui la maladie s’est aggravée présentaient des comorbidités, des problèmes de santé ?

Tout à fait. Il s’agissait de personnes de plus de 60 ans, présentant des comorbidités comme l’hypertension artérielle, le diabète, des cardiopathies et autres…

Le Sénégal se démarque avec un choix thérapeutique en administrant un traitement aux cas positifs : l’hydroxychloroquine. Avez-vous un retour concernant ce choix ?

Il est difficile de se prononcer dès maintenant. On observe quand même que durant les 72 dernières heures, on a une moyenne de dix sorties par jour. On voit que cette association thérapeutique semble avoir un effet sur la durée du séjour de nos patients sur nos sites de traitement. C’est quelque chose que nous sommes en train d’étudier. Aujourd’hui, l’hydroxychloroquine est introduite dans le protocole thérapeutique de tous nos patients, à part ceux qui ont des contre-indications. Aujourd’hui, de manière empirique, on pense que l’introduction de l’hydroxychloroquine a apporté une différence dans le protocole thérapeutique.

Certaines personnes ne comprennent pas pourquoi on s’inquiète autant pour le continent africain, alors que la plupart des victimes se situent sur d’autres continents actuellement. Que répondez-vous à cela ?

Je réponds que c’est effectivement presque une attente que l’Afrique explose avec ce coronavirus, car tout simplement, l’Europe, les États-Unis sont en difficulté. Personnellement, je pense que nous avons les capacités de faire face à cette épidémie. L’ensemble des pays africains ont déjà commencé à prendre des mesures. Ces mesures ont des résultats. C’est à nous de démontrer maintenant, à travers toutes les actions, les prises en charge, toutes les stratégies que nous développons. Moi, je suis optimiste. Ici, au Sénégal, nous sommes en train de travailler dans ce sens et nous avons la certitude que nous avons la capacité de pouvoir faire face à cette épidémie. Aujourd’hui, nous avons appris beaucoup des leçons de la Chine. On peut se poser des questions sur la stratégie adoptée par les Européens ou les Américains qui ont eu beaucoup de retard !

La présidence de la République a prolongé de 30 jours l’état d’urgence sur l’ensemble du territoire. Est-ce qu’aujourd’hui les gens restent chez eux ? Est-ce que la distanciation sociale s’installe ?

Ça s’installe ! Je pense qu’aujourd’hui, il y a quand même une bonne compréhension de la situation. D’une certaine manière, les médias internationaux nous aident un peu car ce que l’on voit comme images au niveau international, ce sont des personnes intubées, des cas graves, des cercueils alignés… Même si nous ne le vivons pas au Sénégal, cela aide dans la communication. Les gens se rendent compte que la situation est sérieuse et que si on ne fait pas attention, on peut basculer dans ce mauvais scénario.

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