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Coronavirus: comment le Rwanda fait face à la pandémie

Confinement national, hospitalisation systématique des personnes testées positives au Covid-19 : le Rwanda veut à tout prix contenir l’épidémie pour éviter que ses hôpitaux soient dépassés par le nombre de malades. Entretien.

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Le docteur Sabin Nsanzimana est directeur général du Rwanda Biomedical Centre, à Kigali.

Lundi 6 avril au matin, il était l’invité de l’émission Priorité santé, sur RFI.

► À lire aussi : Quels moyens pour lutter contre le coronavirus au Rwanda?

La mesure nationale de confinement est appliquée depuis le 21 mars et a été prolongée jusqu’au 19 avril… Où en est aujourd’hui l’épidémie au Rwanda ?

Comme presque tous les pays du monde, nous faisons face à une épidémie de coronavirus. Au Rwanda, nous avons pris des mesures très tôt. Avant les mesures de confinement, il y avait aussi d’autres mesures d’hygiène, qui ont été appliquées sur presque toute l’étendue du territoire, afin de nous assurer que les gens se préparent, avant même la détection des premiers cas de coronavirus sur le sol rwandais. Nous avons enregistré 100 cas confirmés de coronavirus. Dimanche, 4 cas guéris ont pu rentrer chez eux. Il nous reste 100 personnes infectées par le coronavirus, qui sont réparties dans deux centres de traitement au Rwanda. Ils ont eu environ 1 900 contacts, que nous avons essayé de tester avec pour objectif de reconnaître ceux qui peuvent être infectés afin de les isoler et de les traiter.

Ces personnes testées positives, sont-elles systématiquement hospitalisées, quelle que soit la sévérité du cas ?

Exactement. C’est ce que nous faisons depuis le premier jour. Le premier cas a été détecté le 14 mars à Kigali. Depuis ce jour-là, on teste et on hospitalise tous les cas positifs identifiés. L’objectif premier est de s’assurer qu’il n’y a pas de contamination qui circule, que les gens sont suivis. Tous les cas que nous avons sont dans un état stable.

En terme de progression de la maladie, arrivez-vous à constater si l’épidémie est freinée ou si le nombre de cas continue d’augmenter ?

Il est trop tôt pour répondre à cette question. Chaque jour, nous détectons de nouveaux cas mais c’est surtout des personnes qui ont été en contact avec des cas confirmés. Tout le monde se prépare à ce qui peut arriver, si un foyer d’infection n’est pas maitrisé. Jusqu’à maintenant, il semblerait que la plupart des cas identifiés, sont importés et les contacts qu’ils ont eu, sont notre priorité. Au Rwanda, comme dans le monde entier, on se prépare à ce que l’épidémie évolue. Il faut mettre en place toutes les mesures pour détecter, dépister et isoler, mais aussi préparer nos centres de traitement et nos hôpitaux.

Votre système de santé repose sur de nombreux niveaux, il est très structuré avec un système de sécurité sociale, de couverture universelle… Avez-vous procédé à une réorganisation des structures de soins ? Quelles dispositions ont été prises au niveau national, pour limiter le risque de transmission aux soignants ?

Au niveau des structures de santé, notre priorité est de ne pas surcharger les systèmes de santé existants. C’est la raison pour laquelle les deux centres de traitement spécifiques pour le coronavirus n’ont pas été installés dans les hôpitaux existants. Cela permet d’éviter de créer des contaminations au niveau de l’hôpital pour les patients déjà hospitalisés, mais aussi pour permettre aux hôpitaux de se préparer pour des cas sévères, avec des complications pulmonaires, qui nécessitent des soins intensifs.

Avez-vous les services de réanimation adaptés pour faire face à ces complications ?

Notre système de santé se développe chaque jour. Il y avait des services déjà existants surtout au niveau des hôpitaux universitaires. Le système, tel qu’il est bâti, commence au niveau communautaire (centres de santé, hôpitaux de district et de province…). À partir du niveau de province jusqu’au niveau des hôpitaux universitaires, on a beaucoup plus de capacité de réanimation, d’intubation, de soins intensifs… En ce moment, nous équipons ces centres et hôpitaux de plus de capacités et d’équipements, mais nous formons aussi le personnel à prendre en charge des cas compliqués au niveau pulmonaire. Tout le monde ne peut pas gérer ces complications pulmonaires : au niveau du personnel, de l’équipement mais aussi au niveau des structures de santé existantes.

Pour revenir au confinement, quelles mesures en termes de prévention et de soutien aux populations ont accompagné cette décision ? L’OMS recommande aux « gouvernements d’employer les mesures de manière réfléchie, afin de s’assurer que les populations peuvent continuer à accéder aux nécessités de base ». Est-ce que vous avez l’impression qu’aujourd’hui cet accès est possible au Rwanda ?

Les services essentiels pour la population (banques, marchés, services de santé…) continuent comme avant. Il y a une grande partie de la population qui ne peut pas nécessairement rester confinée sans travailler. Le gouvernement a mis en place, au début de la période de confinement, un système de distribution qui est organisé à partir du village, jusqu’au niveau des districts et des provinces, afin de venir en aide à ces populations. Il y a déjà une liste de personnes qui ont besoin de cette aide essentielle. Ils sont aidés par des structures déjà existantes. Pour les services de santé, ça nous donne une fenêtre importante d’opération pour stopper la progression du virus le plus tôt possible, pour que ces services essentiels puissent continuer.

Un message essentiel à faire passer ?

Nous sommes face à un virus émergeant, nouveau. Nous apprenons tous : que ce soient les spécialistes de santé, les chercheurs. Ce que nous apprenons chaque jour, nous aide à adapter nos actions et réactions. Il est important que ce dialogue international continue. Il est important également que nos populations comprennent l’importance des mesures de confinement, car le virus ne circule pas, ce sont les personnes qui circulent ! Il faut respecter les recommandations.

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