Deuxième volet de la série sur le Soudan pour commémorer le premier anniversaire de la révolution de 2019. Cette fois, nous partons à la rencontre de deux amis, Ahmed et Iman, deux jeunes Soudanais de Khartoum qui ont fait la révolution. Ils ont notamment participé à l’immense sit-in devant le QG de l’armée qui a fini par faire basculer les forces de sécurité. Mais aujourd’hui, ils ne portent pas le même regard sur l’avenir. Reportage de notre envoyé spécial.
En 2019, ils étaient là, tous les deux, au milieu de la foule de la révolution. Ahmed, 25 ans, et sa combativité. Et son amie Iman, un léger voile de couleur sur les cheveux, avec sa réserve.
Aujourd’hui les revoici, un an plus tard. Dans une jolie maison de Khartoum, un jour de prière, pour faire le bilan et se souvenir. Ahmed se souvient du 11 avril, quand les révolutionnaires ont appris la destitution d’Omar El-Béchir.
Ahmed :« Les rumeurs couraient depuis la veille de la chute de Béchir. A côté de moi se trouvait un vieil homme diabétique, qui était obligé de rester assis mais qui bouillonnait. Des gens pleuraient, d’autres ont crié, d’autres encore embrassaient la terre de joie. »
Même le spleen habituel d’Iman a été vaincu par le sit-in de la révolution soudanaise. Et tous les deux sont émus en y repensant aujourd’hui.
Iman : « Je n’avais aucune idée de ce qui allait se passer. Je me suis laissée porter. Mais je sais que quand j’ai vu les manifs d’Atbara, j’ai compris que c’était puissant. J’ai toujours su que les Soudanais étaient un peu romantiques. Et c’est peut-être ça qui a fait que cette révolution a été si pacifique. »
Ahmed : « Il y avait les chansons, les discussions, les débats. Mais surtout ces gens qui étaient sur les barricades, qui n’étaient pas politisés mais qui protégeaient ce Soudan en miniature que nous avions créé. Je suis vraiment amoureux d’eux. Même s’ils n’avaient rien à gagner, ils étaient là. »
Aujourd’hui pourtant, Ahmed et Iman n’ont pas le même regard sur l’actualité. Ahmed participe toujours à son Comité de résistance, mais Iman a pris ses distances.
Iman : « Le sit-in était le maximum qu’on pouvait faire pour la révolution. Et puis finalement on a décidé de se calmer. »
Ahmed : « Je suis très optimiste, malgré les signes contraires et les obstacles. On a déjà fait tomber un régime, on surmontera les obstacles. Et à la fin, on aura le Soudan dont on rêve. »
Iman rigole, comme la jeune fille un peu moqueuse qu’elle est. Mais elle ajoute « S’il y a une deuxième vague, je serai là ! »
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