À Kinshasa, la commune de la Gombe vit ses premières heures de confinement alors que ce quartier huppé est le centre de l’épidémie en RDC. Certaines catégories de personnes devaient avoir accès à la commune et continuer à travailler mais ce lundi 6 avril, même ces personnes n’ont pas pu accéder au centre-ville.
Avec notre correspondant à Kinshasa, Patient Ligodi
Pierre est policier et depuis 6 heures, il implore pour pouvoir passer ses collègues postés devant le pont donnant accès à la commune de la Gombe. Il devrait être dans l’équipe qui sécurise l’immeuble du gouvernement qui abrite plusieurs ministères, lequel bâtiment doit être désinfecté ce lundi dans la matinée : « Nous sommes des policiers. On nous a remis le bulletin de service. On l’a présenté auprès du major. Le major a présenté le refus. On ne sait plus comment on va accéder au sein de l’immeuble. Il est maintenant 8 heures ».
Tous bloqués
Jean-Claude travaille pour la Société nationale d’électricité (Snel). Il est obligé de faire demi-tour. Pourtant, il a le badge qui devrait donner accès à la commune de la Gombe : « Nous sommes des agents de la Snel, la Société nationale d’électricité, du département de distribution de Kinshasa. Ils nous ont remis ces badges. Mais quand on arrive à la barrière ici, on ne les accepte pas. Finalement, nous allons laisser nos maisons pour aller nous promener là où il y a la maladie. Or, nous avons la volonté de servir le peuple ».
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Une petite foule se forme et une file de véhicules se dressent. Jean-Claude est dépité : « Ils auraient pu mettre des gens. Nous verrons si ces badges sont vrais. Avec un modèle de checking, ils vérifient un peu et on passe. Ils ne font pas nous faire perdre notre temps comme des enfants. Nous commençons même à quémander pour qu’on nous fasse entrer. Ce n’est pas normal ». Entretemps, les agents de santé, chargés de prélever la température à l’entrée et à la sortie de la commune, n’étaient pas en poste à 7 heures du matin.
Accès réduit pour la presse congolaise
Tshilunde Kasonga, le président de l’UNPC (Union nationale de la presse congolaise) faisait déjà part avant la mise en place ce lundi matin du confinement de sa colère face à l’organisation du confinement à Gombe. L’Union nationale de la presse congolaise (UNPC) menace de boycotter toutes les informations relatives à la couverture de ce confinement. Chaque rédaction n’a obtenu que deux badges d’accès à la Gombe, or certaines sont installées dans ce quartier, d’autres ont besoin de plus de badges. L’UNPC proteste parce qu’elle avait négocié un autre type d’accord avec le gouvernorat. Son président explique :
« Nous avons demandé qu’ils nous donnent des badges parce que les journalistes devaient travailler. Le gouverneur a accepté le principe. Puis finalement, il nous a dit qu’il n’avait pas d’argent pour imprimer les badges et a demandé à l’UNPC d’imprimer les badges en exigeant que lorsque les badges sont imprimés, qu’ils les amènent à l’hôtel de ville pour mettre le cachet avant la plastification. C’est ce que nous avons fait. Aujourd’hui l’Hôtel de ville dit qu’il ne reconnaissent pas ces badges-là. »
Tshilunde Kasonga, le président de l'Union nationale de la presse congolaise en colère
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