Arphine Helisoa, directrice de publication de « Ny Valosoa », journal d’opposition, partisan de l’ancien président Marc Ravalomanana, a été incarcérée dans la prison d’Antanimora, à samedi. La journaliste est accusée de propagation de fausses nouvelles et d’incitation à la haine envers le pouvoir et en particulier le président de la République, Andry Rajoelina.
De notre correspondante à Antananarivo,
« Andry Rajoelina, Mpamono olona (assassin en malgache, NDLR) ! Assassin ! Killer ! » C’est pour ce message précédé du mot-clé #Covid19 publié sur une page Facebook et un site internet du même nom que le journal papier Ny Valosoa, qu’Arphine Helisoa, sa directrice de publication, est derrière les barreaux. Pour maître Willy Razafinjatovo, dit « maître Olala », sa cliente n’a rien avoir avec cette publication puisqu’elle n’est pas l’administratrice de ce site internet géré depuis la France, explique-t-il.
Détention abusive
« Elle n’est responsable que du journal écrit Ny Valosoa à Madagascar. C’est plus qu’un abus. C’est un abus et de la politique parce que cette femme est directrice de publication d’un journal qui est de l’opposition, souligne l’avocat. Dans le monde entier, même Amnesty International a demandé à ce qu’on désengorge les prisons à cause du coronavirus alors que nous, nous faisons le contraire : on essaie de les remplir un peu plus. »
« Le site internet reprenait le journal papier. Voici le lien qui existe entre les deux », poursuit maître Olala. Comme de nombreux autres quotidiens, ce journal papier a cessé de paraître le 22 mars, précise l’avocat, date du début du confinement dans la capitale. La publication sur le site internet date, elle, du 2 avril.
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La presse mise en difficulté par l’épidémie
Alors que la pandémie de coronavirus rend l’exercice du métier de journaliste difficile, cette mise en détention provisoire est très inquiétante pour le président de l’Ordre des journalistes de Madagascar (OJM), Gérard Rakotonirin. « Pour nous, les journalistes, c’est une détention arbitraire qui bafoue la liberté de la presse, explique-t-il. La presse est actuellement en danger à Madagascar du fait que les tenants du pouvoir profitent de la lutte contre cette pandémie pour la museler indirectement. Il faut aussi dire que la loi sur la lutte contre la cybercriminalité ne prévoit pas de peine privative de liberté. »
Aucune date de jugement n’a encore été transmise aux avocats de la journaliste. Ces derniers ont prévu de faire opposition à la mise sous mandat de dépôt de Arphine Helisoa.
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