Dans un rapport publié vendredi 3 avril, l’agence humanitaire onusienne s’inquiète du risque de pénurie alimentaire créée par la pandémie de coronavirus, et qui menace des centaines de millions de personnes dans le monde, majoritairement en Afrique.
Habituellement, les risques de pénurie alimentaire sont provoqués par des problèmes d’approvisionnement, en cas de mauvaise récolte, ou par des problèmes liés à la demande, en cas de difficultés financières des Etats qui achètent. De manière « inédite », cette fois, « on a les deux à la fois », s’inquiète le Programme alimentaire mondial.
L’état des stocks n’est pas alarmant, les denrées existent, mais le problème est davantage lié aux difficultés de transports, conséquence des mesures de confinement qui ralentissent par exemple le transport maritime, ou encore aux comportements irrationnels constatés sur les marchés.
Panique des marchés
« L’Argentine, par exemple, a bloqué des camions dans certains de ses ports d’exports de céréales, qui sont très importants », explique Tiphaine Walton, porte-parole du Programme alimentaire mondial.
Les investisseurs sont paniqués par la perspective d’une récession mondiale, alimentée par des problèmes soulevés un peu partout dans le monde, comme le manque de main d’œuvre saisonnière dans les exploitations agricoles française, facteur également cité par le PAM. Les cours du pétrole ont chuté, ceux des matières premières alimentaires sont très bas : une bonne nouvelle pour les pays qui en importent, mais aussi un facteur d’incertitudes. Quant aux pays exportateurs de matières premières, ils voient mécaniquement leurs revenus fondre. Et, en conséquence, leurs possibilités d’importer des denrées alimentaires.
Les stocks existent
« On a le stock pour pallier dans un futur proche, rappelle une nouvelle fois Tiphaine Walton, mais certaines économies plus fragiles dépendent beaucoup de leurs exportations de pétrole ou de cuivre par exemple, et n’ont pas un secteur agricole performant. Ils dépendent donc de leurs importations, et ces pays-là risquent rapidement d’avoir un problème. On pense à l’Angola, au Mozambique, au Nigeria ou au Congo. »
Les humanitaires se préparent
Le PAM indique donc se préparer au pire, même si pour le moment aucune pénurie n’est constatée nulle part. « Nous suivons les cours des marchés, nous nous apprêtons à installer des systèmes accrus de surveillance de la vulnérabilité alimentaire et économique dans plusieurs pays « , explique Tiphaine Walton. L’agence onusienne pré-positionne enfin des stocks alimentaires supplémentaires dans ses dépôts humanitaires, principalement en Afrique. « Nous anticipons aussi les problèmes de fermeture de frontières, de transport de matériel et de personnel humanitaire en réfléchissant au positionnement des bateaux, des avions ou des camions pour assurer le transport de cette aide. » Des opérations de distribution alimentaire pourraient également être remplacées par des transferts d’argent en espèce, au cas par cas.
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