Dans un communiqué, onze syndicats de la presse reprochent au procureur de la République d’abuser de son pouvoir en poursuivant les journalistes, notamment ceux de la presse proche de l’opposition. Et ce après la condamnation de quatre quotidiens à de fortes amendes.
Avec notre correspondant à Abidjan, Sidy Yansané
« Trop, c’est trop ! » C’est l’intitulé de la lettre de l’intersyndicale du secteur des médias en Côte d’Ivoire adressée au procureur de la République Richard Adou. Mardi dernier, les directeurs de publications des quotidiens Soir Info et Le Nouveau Réveil, ont chacun été condamnés à 3 800 euros d’amende pour « divulgation de fausses nouvelles ».
Les nouvelles incriminées concernent le député Alain Lobognon, proche de Guillaume Soro, et emprisonné depuis décembre dernier dans le cadre du mandat d’arrêt pour tentative d’atteinte à la sûreté de l’État visant l’ex-président de l’Assemblée nationale. Dans un communiqué publié dans les pages des deux journaux condamnés, les avocats du député soroïste dénoncent les conditions de détention de leur client.
Une « certaine presse » attaquée
La semaine dernière, ce sont trois journalistes des quotidiens Générations Nouvelles et Le Temps qui ont aussi été condamnés à payer 7 600 euros chacun, après une précédente autosaisine du procureur.
Le porte-parole adjoint de l’intersyndicale du secteur des médias, Sam Wakouboué, reproche au magistrat de s’attaquer principalement à une « certaine presse, à savoir celle proche de l’opposition ». Il rappelle que la presse publie les communiqués de tous bords politiques, et craint que l’action du procureur Richard Adou, qui n’a pu être joint par RFI, n’impacte financièrement les journaux, déjà fragilisés par la pandémie de coronavirus.
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