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Coronavirus: réponses de médecins aux questions que vous vous posez

Symptômes, contamination, personnes à risque, transmission… Voici les questions que les auditeurs de RFI ont adressé aux docteurs et professeurs invités de l’émission Priorité santé à propos de l’épidémie de Covid-19.

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Est-ce qu’une personne nouvellement contaminée, qui ne présente pas encore de symptômes, est contagieuse ?

« Elle peut être contagieuse. On ne sait pas encore tout sur ce virus. Il est sans doute transmissible quelques jours avant l’apparition des symptômes. Combien de jours ? Certains travaux récents laissent supposer que cela pourrait être un peu moins de 24 heures. Cette transmission avant l’apparition des symptômes, chez les sujets qui viennent d’être contaminés, explique qu’il y ait beaucoup de gens qui soient porteurs du virus. Cela aggrave le phénomène épidémique et l’importance du nombre de sujets concernés. » – Pr François Bricaire, le 17 mars sur RFI. Il est ancien chef de service des maladies infectieuses et tropicales de l’Hôpital Pitié-Salpêtrière, à Paris.

Est-ce que la contamination se fait uniquement durant la période d’incubation ?

« Non, la contamination se fait plutôt à la fin de la période d’incubation. Ensuite, les symptômes apparaissent et c’est à ce moment-là que la contagiosité est la plus forte, au début de la période où les symptômes apparaissent. On dit que la période de contagion dure environ 7 à 10 jours. Cela est variable en termes de durée, car certaines périodes d’incubation durent 5 jours tandis que d’autres, très rares, peuvent durer 15 jours. » – Pr Pierre-Marie Girard, le 20 mars sur RFI. Il est directeur du réseau des instituts Pasteur, ex-chef de service des maladies infectieuses et de médecine tropicale à l’Hôpital Saint-Antoine, à Paris.

Comment faire la différence entre la grippe et le Covid-19 ?

« C’est très difficile, car les symptômes se ressemblent. Vu le contexte épidémique actuel, en cas de syndrome grippal, il faut avoir le réflexe de suspecter le coronavirus. Faire un test si cela est possible et surtout isoler le patient, qui doit mettre un masque, s’il en a (ce qui est souvent difficile actuellement). Le cas suspect doit protéger les autres, en gardant ses distances dans la vie quotidienne. » – Pr Pierre-Marie Girard, le 20 mars sur RFI. Il est directeur du réseau des instituts Pasteur, ex-chef de service des maladies infectieuses et de médecine tropicale à l’Hôpital Saint-Antoine, à Paris.

Quelle classe d’âge est la plus exposée au coronavirus et à ses complications ?

« Ce que l’on sait depuis le début, c’est que les personnes âgées ont effectivement été les plus vulnérables au commencement de l’épidémie. Visiblement, la tranche d’âge est en train d’avancer un peu et on dit aujourd’hui que des personnes entre 30, 40 et 50 ans peuvent être également infectées. » – Dr Frédéric Béhar, le 17 mars sur RFI. Il est gériatre et nutritionniste, chef de service à l’Hôpital Joffre-Dupuytren en région parisienne.

Pourquoi les personnes âgées sont-elles plus vulnérables au Covid-19 que les enfants ?

« Les personnes âgées sont plus vulnérables, car leur corps a moins de capacité de résistance aux infections et aux maladies en général. Pour les enfants, cela reste encore un peu mystérieux. Pourquoi les enfants et notamment ceux de moins de 18 ans, font très peu la maladie clinique ? Il n’y a que des hypothèses ; nous n’avons pas de preuves pour le moment. Une des hypothèses serait que les enfants, notamment dans leur jeune âge, ont fait beaucoup d’infections nasales, avec d’autres coronavirus banals. Cela leur donnerait peut-être une certaine immunité. Chez les tout-petits, peut-être que leurs poumons sont suffisamment immatures pour que le virus ne puisse pas y faire de lésions agressives. Pour le moment, il s’agit de pistes, on ne sait pas exactement. » – Pr Olivier Bouchaud, le 25 mars sur RFI. Il est responsable du service des maladies infectieuses et tropicales au CHU Avicenne, à Bobigny, en région parisienne.

Est-ce que l’homme noir est plus résistant au coronavirus que l’homme blanc ?

« NON ! C’est une idée loufoque qui consiste à dire que l’homme noir, ayant un peu plus de mélanine dans sa couche cutanée, résiste mieux que l’homme blanc… C’est une fausse idée ! » – Pr Jean-Marie Kayembe, le 24 mars sur RFI. Il est chef de service de pneumologie aux cliniques universitaires de Kinshasa, en RDC, doyen de la Faculté de médecine de Kinshasa.

Y a-t-il un lien entre Ebola et le Covid-19, notamment en termes de prévention ?

« Non, pas du tout. Les choses doivent être très claires. Le coronavirus se transmet comme la grippe, par les gouttelettes de salive. Le seul petit point commun est que ces gouttelettes de salive peuvent se déposer sur des surfaces et que par contact, on peut infecter sa main puis en portant sa main à son visage, on peut être infecté, par ce biais. En dehors de cela, la contamination n’est pas la même. » – Pr Olivier Bouchaud, le 25 mars sur RFI. Il est responsable du service des maladies infectieuses et tropicales au CHU Avicenne, à Bobigny, en région parisienne.

Pourquoi limite-t-on la durée d’isolement à 14 jours et pas au-delà ?

« Plus de 99 % des contaminations se font durant cette période de 15 jours, après le début des symptômes. Il ne faut pas aller dans les extrêmes. On doit être raisonnable dans les recommandations. » – Pr Pierre-Marie Girard, le 20 mars sur RFI. Il est directeur du réseau des instituts Pasteur, ex-chef de service des maladies infectieuses et de médecine tropicale à l’Hôpital Saint-Antoine, à Paris.

Est-ce qu’une personne atteinte du Covid-19 peut être guérie sans intervention d’un médecin ?

« Oui, 80 % des personnes touchées peuvent guérir du Covid-19 sans intervention médicale. Le paracétamol est la seule chose à prendre pour traiter la fièvre. » – Dr Massamba Sassoun Diop, le 19 mars sur RFI. Il est médecin urgentiste et président de SOS-Médecins à Dakar, au Sénégal, et depuis décembre 2019, président de la Société sénégalaise d’anesthésie, réanimation et de médecine d’urgence.

Est-ce qu’une personne guérie du coronavirus peut être réinfectée ?

« Globalement, on pense que non. Il y a une forme de protection qui se crée, du fait d’avoir déjà développé l’infection, mais on ne sait pas, à l’heure qu’il est, si elle est parfaite. » – Pr Pierre-Marie Girard, le 20 mars sur RFI. Il est directeur du réseau des instituts Pasteur, ex-chef de service des maladies infectieuses et de médecine tropicale à l’Hôpital Saint-Antoine, à Paris.

Est-ce que le virus reste sur les aliments ? Par exemple, quand les gens touchent les fruits et légumes dans les supermarchés, est-ce que ça peut les contaminer ?

« Sur les surfaces en plastique (ex : ordinateur, poignée de porte), on sait que le virus peut rester jusqu’à 48 heures. Sur le cuir, on pense qu’il ne resterait que 3 heures, tandis que sur du carton, on pense plutôt à 24 heures. Nous ne sommes sûrs de rien concernant les fruits et légumes, donc il faut bien les laver avant de les cuisiner. » – Dr Massamba Sassoun Diop, le 19 mars sur RFI. Il est médecin urgentiste et président de SOS-Médecins à Dakar, au Sénégal, et depuis décembre 2019, président de la Société sénégalaise d’anesthésie, réanimation et de médecine d’urgence.

Le virus peut-il se transmettre par le contact de la transpiration, par exemple quand on est serrés avec d’autres personnes dans les transports ?

« Pour l’instant, on ne considère pas que le virus soit excrété par la sueur. Mais il faut rester humble… Étant donné qu’il est recommandé de rester à 1 mètre de distance, il ne devrait pas y avoir ce problème. Il faut surtout se laver fréquemment les mains. On touche plusieurs centaines de fois (on dit parfois 3 000 fois), le visage en l’espace de 24 heures. Il ne faut pas toucher les muqueuses du visage : la bouche, le nez, les yeux. Quand on est chez soi et qu’on s’est lavé les mains, il n’y a pas de problème, mais quand on est à l’extérieur, c’est vraiment ce qu’il faut éviter de faire. Quand on est serrés dans les transports en commun, c’est compliqué, mais il faut essayer de s’arranger pour ne pas se retrouver face aux postillons du voisin. » – Dr Massamba Sassoun Diop, le 19 mars sur RFI. Il est médecin urgentiste et président de SOS-Médecins à Dakar, au Sénégal, et depuis décembre 2019, président de la Société sénégalaise d’anesthésie, réanimation et de médecine d’urgence.

Est-ce que les fumeurs sont plus fragiles face au coronavirus ?

« Oui. Quand on est fumeur, la muqueuse des bronches (la surface des bronches) et globalement du poumon est inflammatoire en permanence. Cette inflammation fragilise la réponse naturelle de lutte contre l’arrivée d’un microbe. Un fumeur a plus de chance d’être infecté et de faire une forme plus importante, voire une forme plus grave. » – Pr Olivier Bouchaud, le 25 mars sur RFI. Il est responsable du service des maladies infectieuses et tropicales au CHU Avicenne, à Bobigny, en région parisienne.

Est-ce que les asthmatiques sont plus vulnérables ?

« Il est difficile de répondre avec certitude. Le bon sens veut qu’une personne asthmatique, qui déclencherait une crise d’asthme à l’occasion d’une infection pulmonaire ou bronchique par le coronavirus, va forcément connaître un risque aggravé. Mais, nous n’avons pas de raison de penser que le fait d’être asthmatique vous rend plus susceptible à l’infection. » – Pr Olivier Bouchaud, le 25 mars sur RFI. Il est responsable du service des maladies infectieuses et tropicales au CHU Avicenne, à Bobigny, en région parisienne.

Le Covid-19 survit-il à des températures extérieures au-delà de 20 °C ?

« Le Covid-19 se complait dans l’organisme humain dont, de façon habituelle, la température se situe autour de 37 °C. Manifestement, les températures au-delà de 20 °C lui conviennent parfaitement. Et même quand le corps monte jusqu’à 39-40 °C, cela ne semble pas l’affaiblir. » – Pr Olivier Bouchaud, le 25 mars sur RFI. Il est responsable du service des maladies infectieuses et tropicales au CHU Avicenne, à Bobigny, en région parisienne.

On entend dire qu’il faut boire des boissons chaudes pour lutter contre le coronavirus. Est-ce vrai ?

« Cela n’a pas de sens d’un point de vue virologique. Boire régulièrement, c’est très bien. Il ne faut pas que certains pensent qu’il faille boire des boissons brûlantes en pensant se désinfecter et se débarrasser du coronavirus. Cela risque d’entrainer des brûlures de la gorge, qui fragiliseraient les muqueuses et défenses naturelles. Ils seraient alors plus susceptibles de contracter une infection. » – Pr Olivier Bouchaud, le 25 mars sur RFI. Il est responsable du service des maladies infectieuses et tropicales au CHU Avicenne, à Bobigny, en région parisienne.

Peut-on envisager un dépistage systématique du Covid-19, pour l’ensemble de la population ?

« Si l’on avait des tests de diagnostic rapide, on pourrait envisager d’élargir les dépistages. Cependant, les capacités actuelles ne nous le permettent pas. Même des pays développés n’ont pas forcément actuellement ces capacités. En Chine, dans la province du Hubeï, où se trouve Wuhan, premier foyer de l’épidémie, c’est ce qu’ils avaient essayé de faire. Le dépistage systématique, c’est ce vers quoi il faudrait tendre, pour savoir qui isoler, etc. » – Dr Massamba Sassoun Diop, le 19 mars sur RFI. Il est médecin urgentiste et président de SOS-Médecins à Dakar, au Sénégal, et depuis décembre 2019, président de la Société sénégalaise d’anesthésie, réanimation et de médecine d’urgence.

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