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Coronavirus: en Biélorussie, le Guinéen Momo Yansane continue à jouer malgré tout

Momo Yansane est attaquant au FC Isloch, un club de Biélorussie. L’international guinéen âgé de 22 ans raconte pour RFI son quotidien dans le championnat biélorusse, le dernier d’Europe encore en activité malgré la pandémie mondiale de coronavirus. « Ça me fait peur mais je suis persuadé du fait que les gens sont professionnels et matures ici », explique-t-il. Entretien.

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RFI : Momo Yansane, quel est le niveau du championnat biélorusse ? Est-il meilleur qu’au Maroc, par exemple, où vous avez joué pour le FUS Rabat ?

Momo Yansane : La Biélorussie, c’est l’Europe, et le Maroc, c’est l’Afrique. Le rythme est le même. Mais le jeu est dynamique dans le championnat biélorusse, il y a beaucoup de contacts, d’envie et d’engagement. Et puis le niveau a augmenté récemment.

[…] Le Championnat est très très bien organisé. Tout est en place. Il y a tout un tas de trophée : l’homme du match, le meilleur joueur du mois, le meilleur joueur de la saison, le plus beau but du mois. Il y a même un trophée de meilleur joueur africain. C’est comme en Angleterre ou en France.

Le but marqué par Momo Yansane.

Est-ce que les Biélorusses sont des passionnés de football ?

Il y a pas mal de passionnés de football, ici. Je ne peux pas dire que 100% de la population est passionnée par le foot parce qu’il y a beaucoup d’autres sports auxquels s’intéressent les Biélorusses. Déjà, il neige beaucoup et il y a des disciplines comme le ski. Et tous les sports sont pratiqués, ici. Le président du pays, par exemple, n’est pas à fond sur le foot et préfère le hockey sur glace. […]

Le championnat biélorusse est visiblement le dernier en Europe où l’on joue encore. Du coup, les amateurs de football, qui sont en manque de ballon rond, s’intéressent à la Vysheyshaya Liga. Qu’est-ce que ça vous fait de savoir que beaucoup plus de personnes que d’habitude suivent vos matches  ?

[…] C’est vrai que beaucoup de personnes s’intéressent à notre championnat parce que les autres championnats sont arrêtés. […] C’est une chance pour nous. Ça nous permet de donner une bonne image de la Biélorussie. Beaucoup de gens s’intéressent aux matches. Récemment, j’ai marqué le plus beau but du mois. Savoir que les matches sont suivis, ça me motive à fond. […]

Partout dans le monde, les championnats nationaux se sont arrêtés à cause du coronavirus. Cela vous inquiète-t-il qu’on continue à jouer en Biélorussie ?

Partout dans le monde, les gens sont inquiets, avec tous ces cas positifs et tous ces morts. Ce virus est en train de ronger notre monde. Ici, pourtant, ça joue sans inquiétude. Moi, je suis inquiet. C’est ma vie qui est en danger. Mais travailler me permet de manger. Donc, on ne peut rien faire pour le moment, à part suivre les instructions de la fédération biélorusse, de la CAF et de la FIFA.

Les autorités locales ont-elles quand même pris de mesures de sécurité pour protéger la santé des joueurs et des spectateurs ?

[…] Oui, il n’y a plus de salutations et de contacts directs. Les précautions nécessaires ont été prises par la fédération et par l’État.

Est-ce que les gens en Biélorussie ont l’air inquiet à cause du Covid-19 ?

Je ne peux pas vous dire que les Biélorusses ne sont pas inquiets. Ils le sont. Mais ce sont des gens très matures. […] Les gens se protègent. Mais ils n’en parlent pas. Ils préfèrent se taire et se concentrer sur ce qu’ils ont à faire. Mais ils sont inquiets quand même. Ils voient sur les réseaux sociaux ce qu’il se passe ailleurs. […]

La situation sanitaire en Biélorussie vous fait-elle peur ou pas ?

La situation me fait peur, oui, mais pas à 100%, parce que des mesures de sécurité ont été prises par l’État. Et puis, il faut faire un choix. Je ne peux pas dire que je ne vais pas aller à l’entraînement. Je suis un simple joueur. Mon club me paie, me nourrit et me loge. Je dois suivre la décision du club et de la fédération. […]

À chaque fois, ma famille, ma maman et mes sœurs notamment, m’appellent pour voir où en est ma situation, si ça va, si je ne suis pas affecté par cette épidémie. Ça me fait peur mais je suis persuadé du fait que les gens sont professionnels et matures en Biélorussie. Ils prennent la situation sanitaire au sérieux, ici, depuis un moment. Donc, je ne suis pas totalement inquiet, non plus.

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