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Mali: Muso Kunda, un musée de la femme unique en son genre à Bamako

Édifié au cœur de Bamako, le musée de la femme a rouvert en mars 2019, mais reste en chantier. Sa fondatrice, l’ancienne Première dame du Mali et historienne Adame Ba Konaré, dote son projet, exemplaire, d’un étage supplémentaire et d’un hôtel à thème. Reportage.

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« Muso Kunda », « du côté des femmes » en kassonké, est devenu une institution à Bamako. Abrité dans un bâtiment du quartier populaire de Korofina Nord, au cœur de la ville, ce musée unique en son genre a rouvert en mars 2019.

Situé en face d’une grande place de la Commune 1 qui sert de terrain de football, sa façade ocre est décorée par une œuvre d’artiste Burkinabè. L’adresse est aussi connue pour son pain frais et les pâtisseries de son salon de thé, dénommé « Faro », du nom d’une divinité féminine des eaux, liée au fleuve Niger.

Abrité par une villa qu’Adame Ba Konaré avait d’abord louée lorsqu’elle était première dame du Mali, de 1992 à 2002, le Muso Kunda a ouvert en 1995. À cette époque, il se voulait le prolongement d’un livre écrit par l’historienne et épouse du président Alpha Oumar Konaré, le Dictionnaire des femmes célèbres du Mali (Éditions Jamana, 1993). Ce lieu était aussi la matérialisation d’une vision, lancée comme un manifeste dès l’entrée du bâtiment, avec les portraits et les noms des femmes tombées durant la sanglante répression du 26 mars 1991, le jour de la chute du régime dictatorial de Moussa Traoré. Cette galerie correspond à l’un des quatre piliers thématiques du musée : la « marche de la femme », outre son « image », son « quotidien » et son « cycle ».

Portraits de femmes du temps des colonies

En matière d’images, le musée est généreusement servi. La visite commence par deux salles de portraits. On part des débuts de la photographie sous l’ère coloniale avec des portraits de femmes censées représenter des ethnies, sous des légendes telles que « Type bambara », « Femme arabe » ou « Soudan français : groupe de femmes indigènes ». On passe ensuite aux poses plus joyeuses des Indépendances, avec des photos de styles de coiffure dont les noms renvoient à l’euphorie des années 1960 : « Samedi soir », « Jeux Olympiques », « Mami Wata ». En cherchant bien, on y retrouve le profil d’Adame Ba Konaré elle-même, en 1974, avec des tresses, « Année de la femme ».

Autre clou du spectacle en fin de visite : une salle des costumes entièrement dédiée aux tenues traditionnelles. « Nous sommes passés par des correspondants et des connaissances, précise Adame Ba Konaré, pour commander des tenues, qui viennent de Ségou pour la femme bambara, de Mopti pour la femme peule, etc. Des bijoux nous ont été donnés, notamment par une femme sénoufo centenaire ».

Les mannequins, originaux, présentent des profils différents – et particulièrement réussis – de femmes maliennes. Leur histoire mérite le détour. « J’ai fait le tour des ruelles des quartiers périphériques de Paris, raconte Adame Ba Konaré, en suivant des adresses que l’on m’avait conseillées, mais sans trouver de mannequins. Au final, une entreprise nord-coréénne installée à Bamako avec un savoir-faire particulier dans les statues, m’a sculpté les mannequins. Le culte de la personnalité qui prévaut dans leur pays donne un savoir-faire particulier dans les statues et les mannequins. J’ai présenté des photos de femmes pour que les artisans se rapprochent des canons du Mali. Pour deux des figures présentées dans la salle des costumes, je me suis amusée à demander la réplique de deux personnages d’une chanson célèbre, Yayoroba la femme opulente, et Pèguèlè la maigrichonne. »

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