Les deux délégations libyennes des deux camps opposés étaient toujours à Berlin lundi pour poursuivre les concertations. Dans le pays, en revanche, chaque partie fait le bilan de ses pertes et profits.
Chaque camp libyen fait ses comptes après la conférence de Berlin. Les dirigeants des principaux pays concernés par le conflit en Libye se sont engagés dimanche à respecter l’embargo sur les armes, décidé en 2011 par les Nations unies, et à renoncer à toute « interférence » étrangère dans le conflit.
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Ali al-Tekbali, parlementaire et fervent défenseur du maréchal Khalifa Haftar, note trois points positifs : reconnaître l’Armée nationale libyenne (ANL), reconnaître une légalité au Parlement libyen basé à l’Est et ne pas obliger l’ANL à se retirer de Tripoli.
Mais c’est justement ce point de non-retrait des forces de Khalifa Haftar qui fâche Abdelkader Lahouili, membre du Haut conseil de l’État à Tripoli. Pour lui, c’est clair, le gouvernement de Fayez el-Sarraj a perdu. Accepter la trêve veut dire accepter que les forces de l’agresseur demeurent à Tripoli, indique-t-il.
« Nous saluons le communiqué final de la conférence »
« Nous saluons le communiqué final de la conférence de Berlin et nous souhaitons que les puissances mondiales qui y ont assisté tiennent leur engagement en insistant d’abord sur la nécessité de maintenir la trêve, de la transformer ensuite en un cessez-le-feu qui s’accompagnera du retrait de l’agresseur de la capitale, a pour sa part déclaré Taher Siala, le ministre libyen des Affaires étrangères au gouvernement d’union nationale dirigé par Fayez el-Sarraj. Cela nous permettra de s’engager dans les trois processus sur lesquels nous nous sommes entendus : le processus militaire et sécuritaire, le processus politique et le processus économique, qui doivent avancer en parallèle. Ces trois processus sont supposés nous conduire vers une nouvelle étape : le référendum sur la Constitution, l’élection d’un nouveau Parlement et d’un président du pays afin de pouvoir sortir de la période transitoire et recouvrer de la stabilité. De notre côté, nous avons nommé cinq représentants au comité militaire. Le Parlement et le Haut conseil d’État sont en train de nommer leurs représentants au comité politique qui sera composé de 40 personnalités : treize seront choisies par le Parlement, treize par le Haut conseil d’État et, par souci d’équilibre, quatorze autres désignées par le Conseil de l’ONU. »
Les déçus de Berlin à l’Est libyen ne manquent pas non plus. Saïd Mghayab, acteur politique, est déçu de ne pas voir clairement rappeler à l’ordre le président turc Recep Tayyip Erdogan pour son ingérence en Libye. Avis partagé sur les réseaux sociaux par des centaines de Libyens. Certains notent en passant que le président français, Emmanuel Macron, a pointé son homologue turc en lui demandant publiquement de cesser d’envoyer des mercenaires en Libye.
Devant ce constat de chaque partie, un analyste libyen rappelle : la conférence de Berlin n’était pas destinée à réconcilier les Libyens mais à minimiser les divisions européennes.