À Madagascar, depuis le 12 janvier dernier, une grande campagne de recrutement pour des postes de hauts responsables de l’État a débuté. Les candidats peuvent déposer leur dossier sur une plateforme en ligne.
Directeur de service dans les ministères, directeur général de société publique, gouverneur, ambassadeur, conseiller du président, voire même ministre… Les candidats, de nationalité malgache, titulaires d’un diplôme d’étude supérieure et d’une expérience professionnelle de cinq ans minimum ont jusqu’au 24 janvier pour déposer leur candidature.
Quel est le but assumé de cette initiative et pour quel résultat réel ? Que révèle aussi une telle opération ?
« Il est temps de nommer la bonne personne à la bonne place », assène-t-on à la présidence.
En dix jours, l’État a reçu près de 1 200 candidatures dont une cinquantaine « pour des postes de ministres », précise Lova Hasinirina Ranoromaro, Directrice de cabinet de la présidence. Cependant, à quelques jours d’un remaniement annoncé, cette dernière admet que les délais de sélection des profils laissent imaginer que « si recrutement il y a, ce sera plus pour un prochain remaniement ».
L’objectif assumé de ce recrutement est de mettre fin à la corruption, au népotisme et copinage politique « qui ont toujours été une pratique courante au sein de l’Administration malgache », explique cette proche du chef de l’État ainsi que de « mobiliser toute personne compétente et désireuse d’aider le président de la République à atteindre le développement rapide du pays ».
Lors de ses vœux à la presse, dimanche matin, Andry Rajoelina l’a répété: la méritocratie doit primer. L’entourage proche du président devra désormais avoir la même vision que lui, autrement dit, « épouser son Plan Emergence Madagascar », risque même sa directrice de cabinet. Problème toutefois, un an après sa prise de pouvoir, le fameux document-cadre n’est pas encore sorti de terre. Au fil des mois, les versions provisoires se succèdent tout comme les annonces de la publication du document définitif. À la présidence, il se murmure que la version finale du PEM devrait sortir « courant février ».
Un consortium de cabinets de recrutement, dont les noms et nationalité des sièges sociaux sont tenus secrets, a obtenu la gestion de la sélection des profils les plus intéressants.
« On espère avoir la présentation des premiers profils sélectionnés d’ici deux mois. Il y a des postes vacants dans certaines entreprises malgaches ou dans des ambassades. Cela devient urgent », constate la directrice de cabinet de la présidence.
Avec cette initiative, l’État malgache jouit de l’opportunité de se créer une grande CVthèque de profils très divers, des talents malgaches résidant parfois loin de la Grande Île.
« On aimerait diminuer la fuite des cerveaux et inciter notre diaspora à venir contribuer à l’émergence du pays », confie Lova Hasinirina Ranoromaro.
Cependant, au sein des chancelleries étrangères, ce mode opératoire étonne : « N’est-ce pas là l’aveu d’échec d’un président qui n’a pas réussi en un an à bien s’entourer et qui en appelle aux bonnes volontés de ses concitoyens ? »
« Disons plutôt que les compétences ne sont pas en nombre suffisants pour pouvoir suivre les défis que le président a lancé au pays », botte en touche la directrice de cabinet.