Alors que société civile et opposition intensifient leur mobilisation contre un projet de nouvelle Constitution, le ministre français des Affaires étrangères a appelé mercredi 15 janvier à l’apaisement.
« L’engagement du président Alpha Condé à demander une réforme de la Constitution ne nous paraît pas être obligatoirement partagée ni par sa population, ni par ses voisins », a déclaré Jean-Yves Le Drian, le chef de la diplomatie française. Jusque-là, la France a opté pour la discrétion sur ce dossier.
Cet appel à l’apaisement, le ministre l’exprime dans un cadre bien précis : il ne s’agit pas d’une « déclaration », mais d’une prise de position prononcée en réponse à une question posée par la Commission des Affaires étrangères, minimise un député.
Mais sur le fond, le souci de respecter la Constitution a été soulevé à plusieurs reprises. Depuis plusieurs mois, Paris discute en coulisse de façon directe, en envoyant des messages au président Alpha Condé, indique un parlementaire français. « Le ministre des Affaires étrangères évite le rapport de force public, il y a une volonté de ne pas donner de leçons », explique cette source.
Alors pourquoi exprimer cette inquiétude ouvertement maintenant ? Certainement en raison de la tension, qui est montée d’un cran ces derniers jours, et de l’imminence des élections législatives. « Il était temps d’entendre un officiel lancer l’alerte », se réjouit un militant de l’opposition, qui espère que d’autres voix au sein de la sous-région ouest-africaine s’élèveront aussi.
Ce message diplomatique peut-il par ailleurs changer la donne ? Certains observateurs espèrent que ces propos du chef de la diplomatie française encouragent le président guinéen à clarifier le calendrier concernant le référendum sur la nouvelle Constitution. Car jusque-là, aucune modalité technique et aucune date n’ont été fournies au grand public.