Au Rwanda, Human Rights Watch dénonce dans un communiqué publié lundi la condamnation en appel de deux anciens militaires. Le colonel Tom Byabagamba et le brigadier général à la retraite Frank Rusagara ont été condamnés à 15 ans de prison en décembre dernier par la cour d’appel, notamment pour « incitation à l’insurrection » et « atteinte à l’image du gouvernement ».
Pour l’ONG de défense des droits de l’Homme, cette décision de justice est une violation de la liberté d’expression dans la mesure où certaines des charges contre ces officiers, Frank Rusagara et Tom Byabagamba, faisaient référence à des discussions que ces derniers avaient eues en privé.
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Lewis Mudge, directeur de Human Rights Watch pour l’Afrique centrale, craint les conséquences de cette peine. « Je pense que cette affaire va influencer le comportement des Rwandais et des Rwandaises, nous explique t-il, joint au téléphone. La condamnation, qui a été confirmée en appel, sur ces discussions privées, sonne comme un avertissement pour la population.
Avec ce jugement, les Rwandais le savent : ils doivent rester très prudents, et ce même dans leur cercle le plus proche. Ils doivent éviter de parler de tout sujet sensible, d’aborder la sécurité de l’Etat ou des processus politiques.
Ce n’est pas la première fois que Human Rights Watch alerte sur des violations de la liberté d’expression qui sont utilisées devant la justice. Mais c’est l’un des exemples les plus récents, et à mon avis l’un des plus graves, de la façon dont une conversation privée peut être amenée sur la sphère publique, et ensuite être condamnée par la justice. »
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