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Afrique du Sud: la crise d’Eskom prend un tour politique

La grave crise qui touche le fournisseur national d’électricité Eskom prend un tour très politique en Afrique du Sud. Non seulement les difficultés de l’entreprise publique mettent en péril l’économie sud-africaine, mais elles fragilisent aussi le président Cyril Ramaphosa, et l’un de ses plus proches alliés : Pravin Gordhan, actuellement à la tête du ministère sud-africain des Entreprises publiques. Les appels à la démission se multiplient jusqu’au sommet de l’État.

La crise qui touche Eskom est venue ternir le 108e anniversaire du Congrès national africain ce week-end, au lendemain de la démission surprise du président du conseil d’administration de l’entreprise publique.

Celui-ci a dû quitter ses fonctions après de nouvelles coupures d’électricité dans le pays, alors qu’Eskom s’était engagé à ne pratiquer aucun délestage avant le 13 janvier.

Cette démission a été précipitée par les déclarations du vice-président sud-africain David Mabuza : celui-ci a estimé que la direction d’Eskom avait « induit le président Cyril Ramaphosa en erreur » sur les délestages à venir.

Une petite phrase très politique, qui ravive les dissensions au sein du Congrès national africain. Car derrière la direction d’Eskom, c’est Pravin Gordhan, le ministre des Entreprises publiques qui est visé. Rappelons que Pravin Gordhan a déjà été limogé de son poste de ministre des Finances en 2017 par l’ancien chef de l’Etat Jacob Zuma.

Cette décision avait provoqué une grave crise politique à l’époque et conduit in fine à la démission de Jacob Zuma, qui avait dû céder la place à Cyril Ramaphosa.

Les appels à la démission se multiplient donc contre ce proche allié du président actuel. La puissante confédération syndicale Cosatu a notamment estimé que celui-ci doit « rendre des comptes » alors que la situation des entreprises publiques « se détériore » à vue d’œil.

Le leader de gauche radicale Julius Malema s’est aussitôt engouffré dans la brèche : il menace de perturber le discours sur l’État de la Nation de Cyril Ramaphosa dans un mois si Pravin Gordhan n’est pas limogé d’ici là.

Ce type d’action de la part du parti EFF serait une première depuis la démission de l’ex-chef de l’Etat Jacob Zuma.

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