En Tunisie, le Parlement a refusé sa confiance au gouvernement dirigé par Habib Jemli, proposé par le parti d’inspiration islamiste Ennahdha. Selon la Constitution, c’est désormais le président de la République Kaïs Saied qui, après consultations, va devoir désigner un nouveau Premier ministre. Très vite après le vote de rejet des députés, des responsables politiques emmenés par Nabil Karoui ont annoncé avoir créé un front parlementaire susceptible de gouverner.
Battu par Kaïs Saied au second tour de la présidentielle, Nabil Karoui est revenu sur les devants de la scène pour se poser en alternative à Ennahdha. Face au parti d’inspiration islamiste dont le candidat n’est pas parvenu à convaincre l’assemblée, le patron de Qalb Tounes, toujours poursuivi pour fraude fiscale et blanchiment, entend peser dans les consultations. Après l’échec d’Ennahdha, son parti, deuxième au Parlement avec 38 députés, tente de fédérer les déçus du gouvernement Jemli.
Affirmant « avoir une totale confiance en la personne du président de la République », l’homme de médias s’est même, ces derniers jours, réconcilié avec l’actuel chef du gouvernement Youssef Chahed dont le parti pèse 14 sièges à l’Assemblée.
La coalition présentée dans la foulée du vote de rejet recueillerait entre 90 et 100 députés, quand la majorité est fixée à 109. Une alliance ouverte à tous selon les protagonistes qui espèrent se voir confier le prochain gouvernement par le chef de l’État.
Sans parti, indépendant revendiqué et critique du système parlementaire, Kaïs Saied a désormais la main pour désigner un homme capable de recueillir avant mi-mars le vote de confiance. La prochaine équipe gouvernementale, qu’on appelle déjà le gouvernement du président pourrait donc être issue d’une base politique existante ou, à l’image du chef de l’État, venir de cercles éloignés.
Dans tous les cas, si les députés lui refusent leur confiance, ils pourraient perdre leur siège, car le locataire de Carthage sera en droit de dissoudre le Parlement.