L’infrastructure géante construite par l’Éthiopie sur les eaux du Nil coûte plus de 4 milliards de dollars. Elle doit produire à terme plus de 6 000 MW d’électricité. L’ouvrage est construit à 70%, mais l’Éthiopie, l’Égypte et le Soudan sont en désaccord sur la vitesse de remplissage du barrage. Les deux jours de pourparlers, tenus mercredi et jeudi à Addis-Abeba par les ministres de l’Eau, se sont soldés sur un nouveau blocage.
Pour la quatrième fois depuis novembre, Égypte, Éthiopie et Soudan n’ont pas pu se mettre d’accord. Le nœud du problème se trouve surtout entre Addis-Abeba et Le Caire. Les Éthiopiens veulent un remplissage rapide du barrage pour bénéficier le plus vite possible de sa production électrique. Mais les Égyptiens ont peur de voir leur approvisionnement diminuer, alors que le fleuve est vital pour tout le pays.
Cette semaine, l’Égypte a posé une nouvelle proposition sur la table : remplir le barrage en 12 à 21 ans, et contraindre l’Éthiopie à compenser « le déficit cumulé » dans la fourniture d’eau. « Inacceptable », a répondu Addis-Abeba qui a proposé 4 à 7 ans, des mesures d’atténuation en cas de sécheresse, en précisant que la notion de « déficit cumulé » brandie par son voisin n’existait pas.
Pour le ministère éthiopien de l’Eau, la position intransigeante égyptienne a fait échouer la réunion. Même rhétorique du côté du Caire, pour qui les Éthiopiens n’ont pas donné assez de garanties concernant les conséquences sur l’approvisionnement en eau.
C’était le dernier round de négociation prévu par l’accord de novembre. Les trois parties se retrouveront la semaine prochaine à Washington, pour deux jours de dialogue facilités par les Américains. Si là encore il n’y a pas de compromis, soit un médiateur international officiel sera nommé, soit ce seront les chefs d’État eux-mêmes qui mèneront les négociations.