Le TPLF, parti d’ethnie tigréenne, dominait la coalition au pouvoir depuis la chute de la dictature en 1991. Or le Premier ministre vient de créer une nouvelle coalition : le Parti de la prospérité. Lundi, le TPLF a officiellement annoncé qu’il n’en ferait pas partie. Les cartes sont en train de se rebattre en Éthiopie, à 4 mois d’élections générales à haut risque.
Depuis l’arrivée au pouvoir d’Abiy Ahmed, les relations entre le Premier ministre et le TPLF ne sont pas bonnes. Le chef du gouvernement a bouleversé l’échiquier politique, notamment une coalition au pouvoir tiraillée par les tensions.
« Les partis étaient divisés, notamment sur le droit de vote. Le TPLF disposait d’autant de voix que les trois autres mouvements alors qu’il représentait une minorité. Il y avait aussi des différences idéologiques profondes », explique William Davison, chercheur à ICG.
Au fil du temps, le chef du gouvernement a opéré des réformes, tout en imprimant sa marque. Tout cela n’a fait que miner l’influence du TPLF et dégrader la relation entre les deux camps…
La rupture s’est produite lorsque le Premier ministre et prix Nobel a mis fin à la coalition EPRDF pour la remplacer par le Prosperity Party. « Cette nouvelle entité pourrait pratiquer un droit de vote plus proportionnel, reléguant le TPLF dans un rôle minoritaire », indique William Davison.
Vendredi, le parti a donc tenu sa première réunion d’urgence en 45 ans d’existence, et décidé de partir en claquant la porte. « Ceux qui veulent mettre fin à l’EPRDF tentent de restaurer l’oppression et l’esclavage », a déclaré sa direction, sans toutefois nommer Abiy Ahmed. Passé de fait à l’opposition, le TPLF devrait d’abord se battre pour garder le pouvoir dans sa région d’origine du Tigré.