En République démocratique du Congo (RDC), l’archevêque de Kinshasa, le cardinal Fridolin Ambongo a clôturé, le 31 décembre dernier, sa visite dans le territoire de Beni, au Nord–Kivu où des massacres ont lieu. Le cardinal affirme que ces massacres concourent à un risque de balkanisation de la RDC, sur sa façade orientale.
Dans la région de Beni, des populations sont victimes de massacres attribués, depuis maintenant cinq ans, par Kinshasa, aux rebelles des ADF, une rébellion ougandaise.
Dans les localités qu’il a visitées, Fridolin Ambongo dit avoir côtoyé une « misère inacceptable » d’une population « traumatisée » et surtout « moralement affaiblie ». Des villages se vident, des champs sont abandonnés…
Plus d’une heure durant devant la presse, le cardinal tire la sonnette d’alarme. « Ce sont des actes réfléchis, planifiés… Le constat montre clairement que l’objectif de tous ces comportements c’est la balkanisation de notre pays », alerte-t-il.
L’archevêque dit avoir noté des mouvements suspects de population: « Cela se vérifie à travers le remplacement de la population déplacée par des populations généralement rwandophones ou ougandophones et cela se complique ».
Le cardinal n’est pas le seul à tenir ce type de propos, partagés par l’armée congolaise, mais, lui, insiste pour que des actions diplomatiques soient menées à l’égard des pays voisins.
« Il appartient à notre gouvernement de déployer son arsenal diplomatique pour convaincre les pays voisins, particulièrement l’Ouganda, le Rwanda et le Burundi, d’arrêter de déverser ces populations au Congo », plaide-t-il.
Si les populations sont infiltrées à Beni, c’est aussi le cas dans l’armée, affirme- t-il. Fridolin Ambongo s’inquiète aussi du maintien en fonction, dans l’armée, de plusieurs officiers qui sont sous sanctions de l’Union européenne et des Etats-Unis, une situation qui met ce dignitaire de l’Eglise dans l’embarras.
Le cardinal Fridolin Ambongo s’est également opposé à la célébration de l’an 1 de l’alternance démocratique dans le pays. Une alternance, dit-il, « au pouvoir critiquable, pendant que dans l’Est de la RDC les gens meurent ». Il prêche une « communion avec eux ».