La télévision d’État a lu, ce jeudi soir, un décret signé de Salva Kiir annonçant le pardon de 30 prisonniers détenus dans diverses prisons du pays. Parmi eux, deux personnalités très connues dans le pays : l’entrepreneur et philanthrope Kerbino Wol Agok, mais surtout l’économiste et activiste Peter Biar Ajak.
« Enfin, mon mari a été relâché », a réagi jeudi soir sur twitter Nyathon Hoth Mai. L’épouse de Peter Biar Ajak et des dizaines de personnes à travers le monde se sont réjouies du pardon accordé à l’activiste.
Ancien employé de la Banque mondiale et économiste, Peter Biar Ajak était une personnalité très connue. Il réclamait notamment au chef de l’État et à son adversaire, l’opposant Riek Machar, de laisser la place à une génération plus jeune.
Il avait été arrêté en juillet 2018 et accusé de terrorisme, sabotage ou encore trahison. Une interpellation jugée politique par les défenseurs des droits de l’homme et une campagne internationale de protestation avait commencé après son arrestation.
Promesse du Nouvel An
Détenu dans les bureaux des services secrets pendant des mois, Peter Biar Ajak avait accordé des interviews dans le bâtiment, alors même qu’une mutinerie était en cours sur les lieux. Lors de son procès l’été dernier, les juges avaient alors écarté les précédentes charges, mais l’avaient condamné à deux ans de détention pour menace à la paix et incitation à la violence à cause, justement, de cette interview.
L’entrepreneur Kerbino Wol Agok avait subi la même mésaventure, mais lui avait écopé de 13 ans d’incarcération. Les deux hommes sont donc pardonnés, tout comme 28 autres détenus. Le président Kiir se montre magnanime, une semaine après avoir visité la prison centrale de Juba et promis, pour le Nouvel An, un pardon à des prisonniers modèles. Un geste probablement aussi politique. La transition prolongée de 100 jours vient justement de franchir la barre des 50 jours.