En Éthiopie, le jeu d’échecs continue à l’approche des élections générales de mai. Le célèbre activiste Jawar Mohammed vient d’annoncer qu’il rejoignait le puissant parti Oromo Federalist Congress, OFC. Une annonce qui fait beaucoup parler, alors que cette personnalité médiatique, très controversée, ne cache pas ses ambitions politiques et fait de l’ombre au Premier ministre Abiy Ahmed, prix Nobel de la paix.
Jawar Mohammed est un farouche défenseur de la cause Oromo. L’ethnie, pourtant la plus nombreuse d’Éthiopie, a longtemps été marginalisée. L’activiste veut depuis longtemps son autonomie à la fois politique, économique et culturelle, au point d’être considéré par beaucoup comme un extrémiste.
Âgé de 33 ans, Jawar Mohammed est également très influent. Ses puissants groupe médiatique et compte Facebook en font un porte-voix. Il est d’ailleurs très populaire chez les Qeerroo, les jeunes activistes Oromos à l’origine du soulèvement qui avait entraîné la démission de l’ancien Premier ministre Hailemariam Desalegn.
Or son successeur Abiy Ahmed est lui aussi un Oromo. Le nouveau chef du gouvernement avait instauré une politique d’ouverture permettant aux opposants de rentrer au pays. Jawar Mohammed, qui vivait en exil, est donc retourné en Éthiopie où il a commencé par conseiller Abiy Ahmed. Pourtant, les deux hommes ont rompu. Le Premier ministre a lancé des menaces à peine voilées contre la nationalité de Jawar Mohammed, qui officiellement est Américain et tente de redevenir Éthiopien. L’activiste accuse de son côté le chef du gouvernement de dérive dictatoriale.
En octobre, sur les réseaux sociaux, il avait écrit qu’il était menacé. Ses partisans se sont soulevés, entraînant des dizaines de morts. Le drame prouve le poids du bouillonnant activiste, et fait craindre de nouveaux débordements s’il tente de déloger Abiy Ahmed en mai prochain.