Il y a soixante ans, le 1er janvier 1960, le Cameroun accédait, officiellement, à son indépendance. Le pays fut le premier des quatorze colonies françaises à ouvrir le bal des indépendances.
→ Édition spéciale sur les antennes de RFI ce 1er janvier entre 7h35 et 8h heure de Paris
Le Cameroun est le premier des dix-sept pays africains qui obtiendront leur indépendance en 1960. C’est Ahmadou Ahidjo, le premier Premier ministre, qui annonce officiellement la fin de la tutelle française sur son pays. Une indépendance beaucoup plus complexe, puisque la France n’a aucunement l’intention de laisser le Cameroun s’émanciper de sa tutelle.
En effet, les nouvelles autorités camerounaises sont liées, très étroitement, au pouvoir français. Et elles veulent organiser pour cette proclamation de l’indépendance de grandes festivités, avec la visite d’invités de marque, des manifestations populaires, mais l’atmosphère n’y est pas. L’ambiance n’est pas à la fête.
Et ce premier janvier 1960 a vraiment un double visage au Cameroun. Il y a le masque d’une indépendance festive, solennelle. De nombreux invités internationaux ont été conviés. De grandes réjouissances ont été prévues à travers le pays pendant trois jours : des défilés, des repas populaires, des compétitions sportives. Et puis derrière ce masque, il y a effectivement de l’inquiétude, de l’insécurité et une lutte qui se poursuit entre les indépendantistes de l’UPC et le pouvoir d’Ahmadou Ahidjo étroitement associé à la France.
Une double indépendance ratée
Le 30 décembre, le camp Mboppi à Douala est attaqué par plusieurs centaines d’insurgés qui tuent deux gendarmes européens. À quelques heures de l’indépendance on assiste à des raids dans les quartiers de Mokolo et de la Briqueterie au cœur de la capitale Yaoundé, raids qui donneront lieu à des actions de répression alors même que les fêtes de l’indépendance battront leur plein dans d’autres quartiers.
L’autre point aussi particulièrement important, c’est que quand on évoque jusqu’ici du Cameroun, on parle uniquement de la partie du territoire administrée par la France. Mais on omet toute la partie sous tutelle du Royaume-Uni : les régions anglophones du pays. D’ailleurs, il va falloir plusieurs mois pour que cette réunification ait lieu. Et une fois encore, cela ne va pas se passer sans douleur.
Soixante ans plus tard, il n’y a pas encore de quoi apaiser tous les esprits. D’autant, que, par-dessus cette indépendance, voire ces deux indépendances loupées, la situation économique et sociale du Cameroun s’est dégradée.