Quinze ans de prison ont été requis lundi 30 décembre contre quatre journalistes et leur chauffeur. Ils travaillent pour le groupe Iwacu, l’un des derniers médias indépendants burundais. Ils sont accusés de « complicité d’atteinte à la sécurité intérieure de l’État ».
L’affaire remonte à un peu plus de deux mois. Les journalistes d’Iwacu se trouvent alors dans la province de Bubanza au nord-ouest du Burundi. Ils sont arrêtés avec leur chauffeur alors qu’ils couvrent une incursion de rebelles burundais venus de l’est de la République démocratique du Congo. Ils sont aussitôt inculpés par le procureur de Bubanza puis écroués dans l’attente de leur procès.
Au tribunal de province, les débats ont duré deux heures. Pour motiver son réquisitoire, le substitut du procureur s’appuie sur un message envoyé par l’une des accusés. Il y est écrit que « les journalistes d’Iwacu se rendent à Bubanza pour aider les rebelles », selon le substitut du procureur de la province.
En plus des 15 ans d’emprisonnement, 20 ans de privation des droits civiques ont été requis à l’encontre des journalistes et de leur chauffeur. Le jugement du tribunal a été mis en délibéré pour un mois. Les accusés encourent une peine allant de 10 ans de prison à la perpétuité. Les avocats des journalistes d’Iwacu espèrent quant à eux un acquittement pur et simple.
Pour les organisations de défense de droits de l’homme, ce réquisitoire est un signal lancé aux médias burundais à quelques mois des élections générales de mai 2020.