En Tunisie, l’Organisation mondiale contre la torture a dénoncé dans un rapport publié le 11 décembre les pratiques arbitraires autour du fichage sécuritaire, souvent liberticides et imposées de façon parfois aléatoires, sans être accompagnées de procédures judiciaires claires.
Cela fait plus de dix ans que Bilel, 29 ans, est dans le radar des autorités après une arrestation sous l’ère Ben Ali pour son activité d’opposant. En 2015, il découvre qu’il est fiché S17 lors d’un contrôle d’identité. Une forme d’interdiction de quitter le territoire, la procédure touche près de 30 000 personnes avec le renforcement de la lutte antiterroriste depuis quatre ans.
Elle laisse parfois place à des dérives de la part de la police, témoigne-t-il. « A la fin de 2015, début 2016, le harcèlement s’est renforcé, dès que l’on m’arrête pour un contrôle, je suis embêté et harcelé par la police. Les policiers sont aussi allés voir ma famille, ma sœur, mes parents, sans relâche. »
Bilel ne connaît pas les raisons exactes qui lui ont valu ce statut. L’Organisation mondiale contre la torture a dénoncé dans un rapport les pratiques arbitraires qui accompagnent ce fichage au nom de la sécurité.
« Le problème c’est que l’on est avec des procédures qui émanent du ministère de l’Intérieur qui privent les jeunes de libertés, de pouvoir travailler, de libertés de mouvements, explique Rim Ben Ismail, psychologue clinicienne pour l’association. Et en fait, dans lesquelles il n’y a pas de cadre juridique clair. »
Les possibilités de recours sont faibles puisque les concernés n’ont pas souvent pas de preuve matérielle de leur fichage. Un système kafkaïen de surveillance, justifié par l’état d’urgence dans le pays.