La Ligue tchadienne des droits de l’homme tire sur la sonnette d’alarme sur l’état de la nation. Avec une justice aux ordres, un pouvoir législatif incapable de jouer son rôle, la ligue tchadienne dit craindre un effondrement de l’État. Un message porté par son président, Me Midaye Guérimbaye au cours d’une rencontre avec la presse.
C’est à un véritable réquisitoire que s’est livré le président de la Ligue tchadienne de défense des droits de l’homme décrivant un pays qui va à vau-l’eau.
« Notre école est détruite, notre administration est par terre, notre sécurité a des problèmes, la justice a démissionné, l’Assemblée ne veut rien voir, l’exécutif fait semblant de gérer le pays, énumère Me Midaye Guérimbaye… Aujourd’hui, la racine de l’État est en train d’être démantelée. »
Le défenseur des droits humains, lui-même avocat indique qu’au Tchad aujourd’hui, la veuve et l’orphelin ne peuvent compter sur les tribunaux pour avoir justice.
« À tout moment, le ministre de la Justice peut intervenir pour faire basculer les choses d’un côté ou de l’autre. Le magistrat, lorsqu’il rend sa décision et que l’acte doit être exécuté, c’est une horde d’hommes armés qui débarque et qui dit au juge : « cette décision ne sera pas exécutée ». La justice tchadienne n’est valable que dans une partie du pays. L’autre partie du Tchad est cédée aux chefs coutumiers, aux chefs traditionnels, aux chefs militaires. »
Il cite en exemple le cas du défenseur des droits humains Mahamat Nour Ibedou, emprisonné depuis plusieurs semaines dans une procédure qui ne vise qu’à le faire taire. Convoqué en justice pour diffamation, il a fini par être emprisonné pour complicité de meurtre. « Il faut se ressaisir, sinon, le Tchad va s’effondrer », alerte Me Midaye Guérimbaye.