Les fidèles assemblés dans la cathédrale Saint-Mathieu de Khartoum ont célébré Noël cette année en chantant. Mais surtout en ne craignant plus les manœuvres du gouvernement, l’ancien régime ayant pris l’habitude d’exproprier ou de démolir les lieux de culte, et d’emprisonner les chefs religieux.
Signe des temps: c’est la nouvelle ministre de la Justice en personne, Rayaa Nicol Abdel Masih, elle-même de religion copte, qui est venue donner la bonne nouvelle, mercredi 25 décembre. « Après neuf ans, le gouvernement a décrété le 25 décembre jour férié et cela démontre les sentiments d’amour, de paix et de citoyenneté des Soudanais. Que nos frères musulmans sachent désormais que ce jour férié est un jour de fête auquel ils sont amicalement conviés ! »
Il faut dire qu’après l’indépendance du Soudan du Sud à majorité chrétienne, en 2011, les pressions des autorités avaient redoublé. Les religions devaient être déclarées comme associations à but non lucratif. Et les arrestations étaient fréquentes, pour donner des gages à la mouvance fondamentaliste qui soutenait le régime.
Désormais, le climat a singulièrement changé pour les chrétiens, lesquels avaient ouvertement rejoint la révolution l’année dernière. Jeudi, le ministre des Affaires religieuses, Nasredin Mofreh, leur a même présenté ses « excuses » pour les politiques « injustes et maladroites » de l’ancien gouvernement.
Abdalla Hamdok, le Premier ministre lui-même a posté sur Twitter une photo de lui tout sourire avec la styliste Natalina Yacoub, qui lui a offert un cadeau pour Noël.