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Côte d’Ivoire: Henri Konan Bédié, prêt pour la «revanche»? (2/2)

À 85 ans, l’ancien président ivoirien n’a rien perdu de sa hargne politique. Déchu par un coup d’État militaire à Noël 1999, celui qui est surnommé le « Sphinx de Daoukro » a connu une longue traversée du désert. Brouillé avec son ex-allié et actuel président Alassane Ouattara, il tient absolument à réinstaller au pouvoir son parti, le PDCI, lors de la présidentielle de 2020, quitte à se porter lui-même candidat.

« Ce serait une revanche […]. Ce serait me rendre justice », confiait Henri Konan Bédié à l’hebdomadaire Jeune Afrique en septembre dernier. « Oui ! La Côte d’Ivoire et le peuple ivoirien ont besoin d’un nouvel ordre politique, économique et social que seul le PDCI-RDA est capable de leur offrir dans la dignité et le respect des institutions », clamait-il le 19 décembre dernier devant une salle comble de centaines de militants à la Maison du Parti, siège abidjanais de l’historique Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI).

Il faut dire qu’Henri Konan Bédié garde en travers de la gorge le renversement de 1999 qui l’a fait tomber du trône présidentiel qu’il occupait depuis quatre ans. Cette année-là, à la veille de Noël, une mutinerie, qu’il sous-estime, se change en coup d’État. Les soldats révoltés portent le général Robert Guéï au pouvoir. Exfiltré vers le Togo par l’armée française, Bédié, contraint à l’exil, atterrit le 3 janvier chez l’ancienne puissance coloniale.

« Si j'ai finalement dû renoncer à rester sur le sol ivoirien, c'est afin d'éviter que soient mises à exécution les menaces explicites de bain de sang qui auraient pu affecter les militaires français qui avaient bien voulu assurer ma protection, mais aussi, sans doute, la communauté française, et peut-être d'autres étrangers résidant en Côte d'Ivoire », déclarera-t-il quelques jours plus tard dans une tribune publiée dans le quotidien Le Monde.

La naissance d'une alliance

Cinq mois plus tard, la justice ivoirienne lance un mandat d’arrêt international pour « détournement de fonds publics » contre le président déchu. Une accusation qu’il réfute. Henri Konan Bédié déposera malgré tout sa candidature à la présidentielle d’octobre 2000, avant que celle-ci ne soit rejetée par la junte militaire. Bédié appelle alors au boycott de « cette tricherie » électorale dont sort victorieux le socialiste Laurent Gbagbo, rebaptisé pour l’occasion « le boulanger d’Abidjan », surnom comme seule la muse humoristique ivoirienne sait les inventer, pour avoir roulé dans la farine le « Père Noël en treillis », le général-président-putschiste et également candidat à la fonction suprême Robert Guéï.

Pour mettre fin à sa traversée du désert, l’ancien dirigeant n’a d’autre choix que de se rapprocher de son adversaire de toujours, Alassane Ouattara... Quel retournement ! En décembre 1993, à la mort du père de l'indépendance, Félix Houphouët-Boigny, les deux hommes - le président de l'Assemblée naitonale Henri Konan Bédié et le Premier ministre Allassane Ouattara - s'était farouchement opposés pour succéder au patriarche. En sous-main, François Mitterrand avait pesé en faveur du premier. Avant la présidentielle de 1995, pour empêcher Ouattara de se présenter, Henri Konan Bédié avait mis en doute s...   

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