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La prudence du Nigeria concernant l’éco

Le franc CFA devrait être remplacé d’ici 2020 par l’éco. Pour l’instant, le projet concerne huit pays francophones d’Afrique de l’Ouest. Le but, à terme, est d’étendre cette monnaie aux 15 membres de la Communauté des États d’Afrique de l’Ouest (Cédéao). Mais le Nigeria, qui représente 60 à 75% du PIB de la Cédéao, voit cette annonce avec beaucoup de prudence.

Pour le Nigeria, l’abandon du franc CFA n’est qu’un premier pas. « On se détache de la France, les pays anglophones de la Cédéao attendaient ce geste », explique une source diplomatique. « Sur le plan politique, les réticences persistent. Paris reste garant de l’éco, mais avec quelle contrepartie ? », s’interroge de son côté l’analyste nigérian Emmanuel Igha.

Abuja, qui gère déjà sa propre devise, le naïra, conditionne la mise en place de l’éco à une discipline budgétaire. La ministre nigériane des Finances, Zainab Shamsuna Ahmed, le répète à chaque réunion : les critères de convergence doivent être respectés. À savoir un déficit budgétaire qui n’excède pas les 3%, une inflation de moins de 10% et une dette inférieure à 70% du PIB. Or à ce stade, seul le Togo répond à ces exigences. « Il est évident que nous ne sommes pas tous prêts, reconnait un responsable ouest-africain. Abuja a l’impression que l’on veut brûler les étapes ».

Le Nigeria fait preuve de prudence. En témoignent les longues discussions avant d’adhérer à la zone continentale de libre-échange; ou encore, la fermeture de sa frontière terrestre depuis août, pour lutter contre la contrebande. Selon Abdoul Salam Bello, chercheur invité à l’Atlantic Council et auteur de La régionalisation en Afrique, « le Nigeria cherche avant tout à protéger son marché, à diversifier son économie et à s’industrialiser, constate ce spécialiste. Cela l’amène à être réservé sur les questions d’intégration ».

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