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Côte d’Ivoire: à Bouaké, le lycée Descartes bombardé en 2004, réhabilité

Quinze après, Emmanuel Macron va inaugurer une stèle en hommage aux neuf soldats français tués lors du bombardement du lycée Descartes à Bouaké. C’est la première fois qu’un président français se rend dans l’ancienne capitale rebelle. Pour l’occasion, tout le bâtiment a été réhabilité.

En début de semaine, les engins de chantiers continuaient de tourner devant le lycée Descartes. La route qui y mène a été rebitumée pour accueillir les deux chefs d’État et le lycée totalement réhabilité

« Ils sont derrière, là-bas, à passer les dernières couches pour que tout soit propre. Il faut qu’on accueille les présidents avec des trucs propres », dit un ouvrier.

Le portrait de René Descartes s’expose de nouveau surs les murs fraîchement repeins. Ce sont des centaines d’ouvriers qui se sont succédé pour rendre flambant neuf cet établissement, symbole de la crise des années 2000.

Nicolas Djibo, le maire de la ville, se souvient de l’état du bâtiment quand la France l’a cédé à la ville de Bouaké, après le bombardement de 2004 qui a coûté la vie à neuf soldats français.

« Il y avait des bâtiments qui étaient totalement détruits, d’autres partiellement détruits et d’autres encore qui étaient intacts. C’est dans cet état que nous avons récupéré ce lycée et aujourd’hui il est en pleine réhabilitation. Vous verrez qu’il ne reste pas grand-chose pour que les élèves puissent venir s’asseoir sur les bancs du lycée. » Après plus de quinze ans de fermeture, le lycée, désormais propriété de l’État ivoirien, devrait rouvrir à la rentrée 2020.

En inaugurant cette stèle en mémoire aux soldats français, c’est tout un symbole de l’histoire ivoiro-française qui va se dérouler ce matin à Bouaké avant qu’Emmanuel Macron ne s’envole pour le Niger.
 

6 novembre 2004, le lycée Descartes, camp militaire français, bombardé

La Côte d’Ivoire est alors coupée en deux : les loyalistes au Sud, les rebelles au Nord… et au milieu la force Licorne. En ce mois de novembre, Laurent Gbagbo vient de lancer une opération de reconquête du nord de la Côte d’Ivoire. Ses avions pilonnent les positions des rebelles.

À la stupeur générale, c’est au camp français qu’ils s’attaquent le 6 novembre.
À la mi-journée, les deux appareils pilotés par des mercenaires biélorusses, lâchent leurs roquettes. Dix tués, trente-huit blessés : le bilan le plus lourd pour l’armée depuis l’attaque du Drakkar au Liban, vingt ans plus tôt.

Depuis Paris, le président Jacques Chirac ordonne les représailles : la flotte aérienne ivoirienne est abattue.

Réaction de colère des partisans de Laurent Gbagbo : ils descendent en masse dans la rue à Abidjan et s’opposent à l’armée française. La tension est extrême sur place et les relations franco-ivoiriennes sont gelées. 8000 Français sont rapatriés.

Trois semaines plus tard, le Togo interpelle les pilotes et les met à la disposition de la France. Mais Paris les laisse filer. Pour quelle raison ? C’est l’une des nombreuses énigmes de ce que l’on appellera par la suite l’affaire Bouaké. L’Élysée reconnait qu’encore aujourd’hui ce dossier est « sensible ». Emmanuel Macron est le premier président français à se rendre sur place depuis le drame.

Dans trois mois s’ouvrira à Paris le premier procès dans cette affaire pour tenter d’établir les responsabilités. Ce sera à la Cour d’assises de Paris à partir du 17 mars.

À (re)lire et à (ré)écouter aussi :

notre série de cinq articles sur l’énigme du bombardement de Bouaké

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