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Belgique: un Rwandais condamné à 25 ans de prison pour «crime de génocide»

Fabien Neretsé, un ancien haut fonctionnaire rwandais reconnu coupable de « crime de génocide », a été condamné ce vendredi 20 décembre par la cour d’assises de Bruxelles à 25 ans de réclusion, une première en Belgique.

Les actes de l’accusé, un Hutu de 71 ans, ont porté « une atteinte irrémédiable à l’humanité toute entière » et « constituent des atrocités qui défient l’imagination et heurtent profondément la conscience humaine », ont estimé les jurés dans leur arrêt, lu par la présidente de la Cour Sophie Leclercq.

« Je suis révolté. C’est un scandale pour la justice belge », a réagi son avocat Me Jean Flamme, annonçant que son client allait se pourvoir en cassation. Une peine de 30 ans de réclusion avait été requise vendredi matin contre Fabien Neretsé, reconnu coupable la veille par la cour d’assises de « crime de génocide » au Rwanda en 1994.

« Vous retiendrez la gravité extrême des faits […], cette volonté d’exterminer l’autre », avait déclaré aux jurés le procureur, Arnaud d’Oultremont, insistant sur le « caractère sans pitié » de l’accusé.

À écouter : Génocide au Rwanda, les mots de la catastrophe

Une première

Fabien Neretsé, qui clame son innocence, est le premier Rwandais condamné en Belgique pour génocide. Le verdict de jeudi le reconnaissant coupable de ce crime, après six semaines de procès, avait été qualifié « d’historique » par les avocats des parties civiles.

Fabien Neretsé s’est révélé « extrêmement organisé, allant jusqu’à mettre en place une milice qui joua un rôle déterminant dans les massacres commis dans tout un secteur », ont estimé vendredi les jurés dans leur arrêt, après plus de six heures de délibération. En outre, il n’a « fait preuve d’aucune remise en question ».

Dans ses réquisitions vendredi, le procureur avait demandé aux jurés d’envoyer « un signal clair » au monde : « C’est de dire: Monsieur, Madame, vous ne dormirez jamais tranquille et la Belgique ne sera jamais une terre d’impunité pour les génocidaires et les criminels de guerre. »

« Crime de génocide »

Le second avocat de l’accusé, Me Jean-Pierre Jacques, avait insisté sur l’âge de son client, « père de cinq enfants » et qui a « neuf petits-enfants ». Il avait suggéré une peine de 15 ans. Cet argument a en partie été entendu car Fabien Neretsé « bénéficie de circonstances atténuantes en raison de son âge », a précisé la présidente de la cour, Sophie Leclercq.

La qualification de « crime de génocide » n’avait pas été retenue lors des quatre premiers procès à Bruxelles d’accusés rwandais en 2001, 2005, 2007 et 2009. Elle recouvre le fait de s’être attaqué à un nombre indéterminé de personnes au nom de la volonté de « détruire » le groupe ethnique tutsi. Ce qui a été mis en évidence par des témoignages « accablants » pour Fabien Neretsé, selon l’accusation.

Arrêté en 2011

Sous le nom de Fabien Nsabimana, Fabien Neretsé s’était réfugié à Angoulême où il a été identifié en 2008 par le Collectif des parties civiles pour le Rwanda. Appréhendé en juin 2011 suite à un mandat d’arrêt émis par un juge belge, il a été transféré vers la Belgique quelques semaines plus tard.

S’il a fallu huit ans pour que s’ouvre enfin son procès aux assises, c’est du fait de la complexité de monter un dossier d’accusation solide avec l’inculpation de génocide, explique notre correspondant à Bruxelles, Pierre Bénazet.

Les premières plaintes contre lui ont été déposées en Belgique il y a 19 ans par la famille d’une Belge qui vivait à Kigali avec sa fille et son mari d’origine tutsie. Habitant sur la même colline, Fabien Neretsé est condamné pour avoir dénoncé auprès des milices Interahamwe de sinistre mémoire cette famille et une quinzaine de voisins.

Ils s’apprêtaient à se réfugier dans le cantonnement des casques bleus belges à 500 mètres de là et ont été exécutés par les miliciens dans leur jardin. Fabien Neretsé est aussi condamné pour crimes de guerre pour les exactions d’une autre milice Interahamwe qu’il a ensuite dirigé dans le nord du Rwanda.

À lre également : Génocide des Tutsis: les responsabilités de la France, selon David Servenay

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