À Kigali, des habitants de structures informelles sont forcés de détruire leurs maisons et de déménager, et ce dans plusieurs quartiers. Depuis quelques jours, les autorités ont ordonné l’évacuation de certaines zones de la capitale présentant des risques d’inondation ou de glissement de terrain.
Selon la mairie, Kigali comprend 7 600 hectares de zones humides. Plus de 7 000 bâtiments seraient concernés, des habitations, mais aussi des immeubles commerciaux ou encore garages. Dans le bidonville de Bannyahe, les habitants dénoncent une injustice.
Perché sur un mur, un jeune homme démonte un toit de tôle à coups de marteau. Dans les ruelles boueuses, des habitants transportent les décombres de leurs maisons sur le dos. Innocent, 65 ans, a neuf enfants. Il possédait cinq petites chambres en bas du bidonville de Bannyahe.
« Je pouvais vivre grâce à ce que je gagnais en louant ces chambres. Comment vais-je survivre maintenant ? Je suis un vieil homme, dit-il. J’ai construit ces chambres au vu et au su des autorités. J’ai acheté ce bien avec mon argent. C’est vraiment injuste. Je ne pourrai plus payer les frais de scolarité de mes enfants. Ils nous ont dit que si l’on ne détruisait pas nous-mêmes nos maisons, ils mettraient en prison ceux qui résistent. »
Les habitants ne veulent pas partir
Les habitants savent qu’ils doivent partir depuis environ deux ans. Mais jusqu’ici, ils ne s’y étaient pas résolus. Ces derniers jours, certains auraient reçu environ 60 000 francs rwandais de la part des autorités, d’autres non. Fabrice fait partie des chanceux. « 60 000 francs rwandais, ce n’est pas assez. Comment voulez-vous louer un logement avec ça ? Pour combien de mois ? Ils ne font que détruire. Ils ne nous ont pas payés. »
À Bannyahe, une soixantaine de maisons seraient concernées selon les habitants. Dans un communiqué, la mairie de Kigali assure que le but de l’opération est de protéger la population contre les risques liés aux intempéries. La ville indique que ceux qui ont des titres de propriété seront dédommagés, sans préciser ni la date, ni le montant.