Il y a un an jour pour jour, des centaines de Congolais étaient massacrés à Yumbi, dans la province du Mai-Ndombe, dans l’ouest de la République démocratique du Congo (RDC), à la veille des élections générales.
Les 16, 17 et 18 décembre 2018, selon l’ONU, des attaques préméditées et planifiées ont fait au moins 535 morts et 111 blessées dans les agglomérations de Yumbi, mais aussi de Bongende et Nkolo II, dans la province du Mai-Ndombe, dans l’ouest de la République démocratique du Congo (RDC).
Eva a perdu dans ces violences son mari et trois de ses enfants. Elle se souvient encore de ce soir-là. « On était en train de fuir les violences, moi et mes enfants, raconte-t-elle. Ils ont tiré sur nous. Trois enfants sont morts. Après, j’ai fait trois jours en pleine brousse avec mes autres enfants ».
Crimes contre l’humanité ?
Aujourd’hui, Eva et ses cinq autres enfants vivent à Kinshasa, la capitale de la RDC, dans la précarité. Comme elle, des milliers d’autres déplacés ne sont toujours pas rentrés dans les zones sinistrées et se trouvent dans les villages avoisinants. Près de 20 000 personnes ont été déplacées dont 16 000 qui se sont réfugiées au Congo-Brazzaville voisin, où elles vivent dans des conditions difficiles.
« Ce que nous demandons, c’est l’ouverture d’un procès, explique Etibako Edi Ndito, un ancien député de la région. Et entre-temps, il y a des réfugiés au Congo-Brazzaville. Depuis le mois d’août, l’État n’a rien envoyé ».
L’auditorat général des Forces armées de la RDC (FARDC) avait très vite réagi mais un an après, victimes et société civile attendent toujours que justice soit faite. C’est également le souhait de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO).
« La nation n’est pas encore fixée sur les responsables de ces massacres, déplore l’abbé Donatien Nshole, secrétaire général de l’organisation épiscopale. Où en est-on au niveau de la justice ? C’est inquiétant. C’est triste ».
Le rapport de la « commission Yumbi » pilotée par Marie-Ange Mushobekwa, à l’époque ministre congolaise des Droits humains, évoquait notamment l’implication des autorités politico-administratives de la province. Et l’ONU parlait d’actes pouvant constituer des crimes contre l’humanité.
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