Un militant de la société civile érythréenne a disparu en Éthiopie depuis maintenant un an et demi. Ses proches ont interpellé le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed à l’occasion de son passage en Suède cette semaine, après la remise de son prix Nobel de la Paix à Oslo. Ermias Tekie possède également la nationalité suédoise.
Ermias Tekie est une figure bien connue de la diaspora érythréenne en Suède. Ce trentenaire se dépensait beaucoup pour organiser des manifestations ou des pétitions pour défendre les droits bafoués des Érythréens. Le 21 mai 2018, il est dans sa chambre de l’Ark Hotel, en vacances à Addis Abeba, quand on l’appelle à la réception, racontent ses proches. Des hommes l’attendent dans une voiture, lui dit-on. Ermias est allé à leur rencontre et n’a plus été revu depuis.
Le ministère suédois des Affaires étrangères se dit « au courant » de l’affaire, mais refuse d’en dire plus. Toutefois l’avocat de sa famille, à Stockholm, affirme que des sources diplomatiques en Éthiopie lui ont confirmé qu’Ermias avait été arrêté et qu’il était aujourd’hui détenu hors de toute procédure légale, malgré les interventions politiques en sa faveur. Selon la radio publique suédoise, son cas a d’ailleurs été soulevé par le Premier ministre suédois Stefan Löfven auprès d’Abiy Ahmed, mercredi, en marge de la cérémonie du prix Nobel.
Une source proche du dossier explique qu’Ermias Tekie a été arrêté à un moment de grande confusion en Éthiopie, juste après l’accession au pouvoir d’Abiy Ahmed. Il pourrait, selon cette source, être aujourd’hui détenu par les services de sécurité du Tigré, province frontalière de son pays d’origine.