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Présidentielle en Algérie: dix mois d’un mouvement de contestation inédit

À la veille de la présidentielle, des milliers de personnes ont encore manifesté mercredi 11 décembre à Alger mais aussi dans d’autres villes du pays contre la tenue du scrutin. Un scrutin perçu comme un prolongement du système Bouteflika alors que les manifestants demandent depuis dix mois un véritable changement.

La manifestation a débuté vers 10h ce mercredi 11 décembre. En début de soirée, des centaines de personnes étaient encore dans le centre-ville d’Alger, chantant « demain, il n’y a pas de vote ». Tout au long de la journée, des femmes, des hommes, des jeunes et des personnes âgées ont marché et chanté contre cette élection. Comme lors de chaque manifestation, les Algériens sont venus avec leurs drapeaux mais aussi, comme depuis plusieurs semaines, avec ce petit carton rouge où il est écrit en arabe : « Je ne vote pas ».

Dans la capitale, les forces de l’ordre ont tenté d’empêcher le rassemblement. Il y a eu plusieurs dizaines d’arrestations et des blessés. Mercredi soir, un communiqué d’un groupe de journalistes dénonce des entraves et des violences de la part des policiers.

Les manifestations ont eu lieu dans la capitale mais aussi dans plusieurs grandes et moyennes villes du nord du pays. À Bejaïa, ville très mobilisée depuis le début de la contestation en février, les habitants ont également protesté et les manifestants ont annoncé qu’ils seront mobilisés toute la nuit.

22 février

Ces manifestations sont les dernières en date d’un mouvement qui a débuté il y a dix mois. Le 22 février, une foule envahit les rues de plusieurs grandes villes d’Algérie pour s’opposer à la candidature d’Abdelaziz Bouteflika, pour un cinquième mandat. Le mouvement de contestation « le Hirak » est enclenché.

Ni la décision du président de ne pas briguer de nouveau mandat ni sa démission en avril ne font cesser la mobilisation. Les manifestants réclament un changement total du système à la tête du pays. Et la présidentielle initialement prévue le 4 juillet est annulée, faute de candidats.

A partir de juin, des interpellations ont lieu, en lien avec le mouvement de contestation. Au moins 140 personnes seraient en détention, selon le Comité national pour la libération des détenus. Certaines ont été condamnées à des peines de prison ferme. Plusieurs organisations de défense des droits humains affirment que la répression s’accentue, depuis l’annonce de la date de la présidentielle de décembre, et plus particulièrement au début de la campagne électorale, mi-novembre.

Mais le Hirak continue de se mobiliser. La campagne des cinq candidats est perturbée. Des manifestations ont lieu aussi en dehors des traditionnels mardis et vendredis. L’élection ayant lieu un jeudi, ils prévoient de se mobiliser encore vendredi.

La suite du mouvement

Pour les contestataires, le défi va être de poursuivre la mobilisation après l’élection mais aussi de mieux s’organiser, et de réfléchir à la suite à donner à leur action. Une question d’autant plus importante que le Hirak est un mouvement divers,et que ses participants n’ont pas tous la même vision de l’avenir politique qu’ils souhaitent pour leur pays.

Car du côté des autorités, cette élection est une façon de rétablir la légitimité du pouvoir. Plusieurs experts s’accordent à dire que le haut commandement militaire a besoin de rétablir un pouvoir civil de façade, perdu depuis la démission du président Bouteflika. Mais contrairement aux élections précédentes, celle-ci est contestée ouvertement dans la rue. L’abstention, déjà forte lors des précédents scrutins, pourrait être très importante. Quelle légitimité, alors, pour le président élu dans ce contexte ?

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