La CPI doit décider cette semaine si oui ou non les chefs anti-balaka Edouard Ngaïssona et Alfred Yekatom Rhombot feront face à un procès devant la justice internationale pour les crimes commis pendant la crise. De nombreux crimes ont notamment été commis dans le quartier musulman de Bangui. À PK5, les attentes des victimes sont grandes.
Oumar dispose une à une des photos sur l’étal de sa petite boutique de PK5. Sur ses clichés des bâtiments rasés, des corps mutilés. Là, c’est lui avec des gants jaunes à la morgue de PK5. Pour lui, la justice est nécessaire pour apaiser les cœurs.
« Le procès, c’est bon. Celui qui a fait de mauvaises choses, on doit le juger. On ne peut pas le laisser. Parce qu’avant on vivait ensemble, mais maintenant il y a la haine… Du côté des musulmans il y a de la haine, du côté des chrétiens il y a la haine, donc comment on va faire ? On ne peut pas accepter. Donc on fait le jugement pour faire baisser les tensions… »
Ramadan Abakar Mazgoul est le président d’une association d’aide aux victimes. Il espère beaucoup de la justice internationale. « C’est vraiment pour connaître la vérité. Jusque-là on ne sait même pas qui est à l’origine de ces crises. On ne sait même pas qui est qui. Pour le moment nous on dépose toujours plainte contre monsieur X parce qu’on ne sait pas qui est à l’origine. Donc dès qu’on a dit que « voilà c’est X », son nom est dévoilé, alors nous voilà on va demander un dommage, réparation, que la justice soit faite et après on va se réconcilier parce que nous sommes tous des Centrafricains. »
À PK5 la plupart des commerces sont de nouveau ouverts, mais les abords du quartier n’ont pas encore été reconstruits, et les blessures psychologiques toujours profondes.