Le taux de chômage est d’environ 15%, mais les Sénégalais les plus diplômés sont les plus touchés. D’après les chiffres 2017 de l’agence de la statistique, le taux de chômage des titulaires d’un Bac+2 était supérieur à 27%.
Cela fait plusieurs années que Yves Nzalé a fini ses études à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar. Mais ce diplômé en droit public option internationale y revient souvent, pour « rester dans le bain », dit-il : « C’est comme un sportif, il a besoin tout le temps de s’entraîner. Quand vous êtes dans l’ambiance universitaire, c’est la recherche, c’est le débat intellectuel, il y a tout le temps une mise à jour des connaissances pré-acquises. »
Pas de politique de recrutement transparente
Titulaire d’un master en 2014, Yves Nzalé rêvait d’une carrière de diplomate, mais : « Après avoir obtenu le diplôme, le plus dur est à vivre. C’est la traversée du désert, c’est la galère. Vous pouvez déposer 200, 300 CV sans avoir même une possibilité d’entretien. Il n’y a pas d’emploi. Il n’y a pas de vision d’emploi, surtout à cause de certaines pratiques liées à la politique de recrutement, l’absence de concours. Il n’y a pas une politique sérieuse d’emploi. Malheureusement, c’est ce qui pousse beaucoup de jeunes à partir à l’étranger. »
Bilali Keita, 35 ans, a fait cinq ans d’études en droit privé. II est spécialisé en contentieux des affaires : « Je suis diplômé depuis 2015. Depuis lors, on est assis comme ça à attendre. On espérait être recruté dans le cadre de l’administration sénégalaise, pouvoir en quelque sorte apporter notre pierre à la construction du pays. Mais lors des recrutements, vous entendez que telle personne qui n’a ni profession ni diplôme est recrutée. Donc, vous vous découragez. La question est de savoir : est-ce que ça valait la peine d’étudier ? »
En attendant de trouver mieux, Bilali Keita se contente de petits boulots, un peu de commerce, et donne des cours dans des établissements privés.