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A Madagascar, les jeunes ont des idées pour le climat

À Madagascar, l’association des anciens de l’École nationale de l’administration a lancé cette année un cycle de conférences-débat particulier, intitulé « Les jeunes ont des idées ». Des orateurs triés sur le volet s’y expriment sur un sujet censé intéresser le citoyen. Une manière de diffuser la connaissance, avec un parti-pris : laisser la parole aux jeunes.

Ce 3 décembre, il s’agissait de débattre sur les actions concrètes à entreprendre pour s’adapter et lutter contre le changement climatique, dans l’un des pays les plus touchés, Madagascar. Sur scène, quatre jeunes de moins de vingt ans, étudiants, travailleurs ou militants, ont offert au public une démonstration brillante et convaincante, que ce soit au sujet de la transition énergétique, les éco-gestes, ou la gestion des déchets, à l’image de Jay Ralitera, responsable des plaidoyers au sein de CliMates Madagascar, la branche malgache de ce think tank sur le climat pour des jeunes et par des jeunes, qui a tapé du poing sur la table.

« Le constat est qu’aujourd’hui, à la COP25 à Madrid, dans la délégation officielle de Madagascar, il n’y a pas de jeune délégué alors que 60% de la population du pays a moins de 30 ans, déplore-t-elle. Cela fait cinq ans qu’on se bat pour en avoir. En fait, c’est un peu symptomatique de toute cette absence de la jeunesse dans les prises de décision politique, alors qu’on a des idées. On a une vague d’entrepreneurs qui est en train d’émerger, pleins de jeunes qui ont beaucoup d’idées, à l’image de cette conférence aujourd’hui. Et on n’est pas du tout inclus dans le processus de décision, comme si on n’existait pas et comme si notre voix ne comptait pas. Pour moi, c’est une caractérisation très flagrante de la façon dont on fonctionne à Madagascar, où la place et la parole des ainés prévaut sur la nôtre, alors même qu’on aurait de l’énergie, l’envie et la volonté de faire avancer le pays. Une forme de patriarcat, où nos idées pour faire avancer le pays sont étouffées à cause de ce que l’on pourrait appeler la « tradition » ».

Priorité nationale

Dans la salle, Jay Ralitera sonde le public pour connaître lequel des projets qu’elle souhaite mener remporte le plus d’adhésion. « J’aimerais aujourd’hui qu’on se mobilise en tant que jeunes, et qu’on puisse faire pression sur notre gouvernement pour faire en sorte que l’adaptation face au changement climatique devienne une priorité nationale, et pas uniquement du reboisement qu’on ferait par-ci par-là, déclare-t-elle. Et qu’on mette en place des politiques économiques, sociales, de santé qui soient toutes en lien avec l’adaptation face au changement climatique ».

Et d’ajouter : « En ce moment il y a le projet de loi de finance 2020 qui vient d’être publié et on se rend compte qu’il y a très peu de lignes budgétaires concernant l’environnement. En tout cas, pas assez par rapport à l’urgence et à ce que l’État dit qu’il fait ».

Concrètement, la jeune femme souhaite militer pour que la loi de finance rectificative alloue un budget pour soutenir financièrement les projets des jeunes, notamment en région, qui montent « des projets impactants mais qui mériteraient d’avoir encore plus d’impact s’ils n’étaient pas faits que de bouts de ficelles et de petites subventions ». Ce discours semble avoir conquis et motivé l’assistance, venue nombreuse.

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