En République démocratique du Congo (RDC), aucun des crimes commis pendant les deux guerres et documentés par l’ONU n’a été jugé. Un colloque se tenait hier, lundi 2 décembre, à Paris, à l’Assemblée nationale française pour étudier les voies et moyens de donner des suites au fameux rapport Mapping qui avait recensé quelque 617 crimes de guerre et crimes contre l’humanité commis en 1993 et 2003. Des crimes commis pour l’essentiel par les armées étrangères et leurs alliés congolais. Ce colloque a été voulu et soutenu par le prix Nobel de la paix 2018, Denis Mukwege et par l’Institut francophone pour la justice et la démocratie.
Presque tous les ans, le Parlement français accueille une rencontre sur les crimes commis au Congo pendant les deux guerres et se retrouvait jusqu’ici taxé, notamment par les autorités rwandaises, de soutenir les tenants d’un « double génocide ».
« Sortir le rapport Mapping du tiroir »
Cette année, pas de blâme ni d’interruption de débats. L’appel lancé par le docteur Mukwege à « sortir le rapport Mapping du tiroir » lors de la réception de son prix Nobel aurait changé la donne. C’est ce qu’estime Luc Henkinbrant, enquêteur des droits de l’homme pour l’ONU entre 2001 et 2011. Il est l’un des initiateurs du rapport Mapping et vit toujours au Congo : « Un certain nombre des personnes, auteures présumées des crimes, aujourd’hui exercent encore à un très haut niveau de responsabilité. Les noms sortent de plus en plus sur les réseaux sociaux, dans les groupes WhatsApp… »
L’implication du docteur Mukwege, c’est aussi ce qui conduit l’Institut francophone pour la justice et la démocratie à lancer plusieurs conférences et séminaires sur le sujet cette année, comme l’an prochain pour les dix ans du rapport Mapping. Le professeur Jean-Pierre Massias en est le président : « On travaille sur le concept de justice transitionnelle et sur les mécanismes qui amènent à l’impunité. Et on a ce rapport Mapping qui au fond est le symbole de ce blocage. C’est ça qui nous a intéressés. »
Les victimes dans la peur
Le docteur Mukwege n’était pas là. Il a dû partir en catastrophe, suite au décès de sa mère. Mais dans un discours lu par l’activiste Jean-Jacques Lumumba, le prix Nobel de la paix 2018 rappelait qu’il avait perdu dans son hôpital de Lemera une trentaine de ses collègues et patients en 1996 et que les victimes vivaient toujours dans la peur.
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