L’ONU a appelé les habitants de Beni au calme après les manifestations de lundi. Loin d’en vouloir à la population civile, qui a infiltré l’un de ses quartiers généraux, la Monusco se dit plus confiante après la réunion du Conseil national de sécurité de lundi à Kinshasa.
Avant tout, la Monusco a fait savoir qu’elle comprenait la colère et la frustration des habitants des environs de Beni, alors que les attaques armées se sont multipliées depuis le 30 octobre, en représailles aux opérations de l’armée congolaise contre les Forces démocratiques alliées (ADF). Car la Monusco sait que trois éléments au moins ne jouent pas en sa faveur et ont pu porter à confusion les habitants.
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Tout d’abord, elle a une capacité d’action limitée, dont les contours sont définis par l’armée congolaise ; par exemple, l’opération contre les ADF a été lancée unilatéralement par l’armée, qui lui a demandé de l’aide pour des échanges d’information et l’évacuation de blessés, mais rien de plus. Ensuite, la Monusco déplore que les attaques armées se déroulent la nuit, dans des villages séparés par la jungle, ce qui retarde toute alarme ou intervention. Enfin, si les casques bleus de la Monusco sont pris pour cibles, c’est qu’ils seraient les symboles les plus visibles sur le terrain, selon elle. L’ONU appelle donc les habitants à garder leur calme, alors qu’une journée « ville morte » est annoncée ce mardi.
Opérations militaires « conjointes »
Après cette journée de violences contre l’ONU et l’incendie de la mairie de Beni, le président Félix Tshisekedi a convoqué lundi le Conseil national de sécurité, élargi à la cheffe de la Monusco Leila Zerrougui. Les autorités ont annoncé le renforcement de la coopération entre le gouvernement, l’armée et la Monusco avec des opérations militaires « conjointes » avec les casques bleus. La mission onusienne de maintien de la paix ajoute qu’elle va également travailler « étroitement avec les autorités pour trouver conjointement des solutions en faveur de la population de Beni ».
La décision prise par le gouvernement lors du Conseil national de sécurité de travailler en meilleure coordination avec la Monusco est un début de solution, et rend la force des Nations unies plus confiante sur sa mission. Car les spécialistes des forces de maintien de la paix le savent : la meilleure recette pour faire reculer les groupes armés, c’est une liaison étroite entre une armée nationale, qui mène des actions militaires, et des forces de sécurité locales qui sécurisent les avancées effectuées, soutenues par les casques bleus – le tout suivi par le déploiement d’un plan de développement.
État-major avancé
Le Conseil national de sécurité a également décidé de mettre en place un état-major général avancé à Beni. Cela devrait être effectif dès ce mardi, assure Aimé Ngoy Mukena, le ministre de la Défense nationale.
Sur le plan opérationnel, les lignes n’ont pas bougé. Les FARDC gardent la main sur l’offensive armée contre les combattants ADF. La mission onusienne quant à elle va poursuivre son soutien en matière de renseignements et d’évacuations médicales. À ce sujet, 36 soldats congolais ont déjà été évacués grâce à la logistique onusienne. Du côté de la société civile, on souhaite que les casques bleus soient impliqués sur la ligne de front. Même chose pour Juvénal Munubo, le rapporteur de la commission défense et sécurité de l’Assemblée nationale. Pour lui, c’est la « méthode efficace » de faire participer la mission onusienne via sa brigade d’intervention.
Couvre-feu maintenu
Dans les échanges ce lundi, il a été également question d’évaluer l’ampleur des dégâts après l’attaque subie par les installations de l’ONU. Le bureau de la mission onusienne situé dans le quartier Boikene a été fortement endommagé et le personnel redéployé sur le site de Mavivi, près de l’aéroport de Beni.
Cette attaque a également un impact sur le plan opérationnel. La mission sur place est diminuée, affirme le porte-parole de la Monusco. À ce sujet, la représentante spéciale du secrétaire général de l’ONU en RDC, Leila Zerrougui a lancé un appel au calme et à la responsabilité. Elle a également souligné que s’attaquer aux installations de la mission onusienne et à celles des autorités locales ne ferait qu’affaiblir la lutte menée contre les combattants ADF.
Par ailleurs, le président congolais a confirmé le couvre-feu décrété lundi par les autorités de la province du Nord-Kivu réunies à Goma autour du gouverneur Carly Nzanzu. Les « couvre-feux sont installés chaque jour à partir de 18h jusqu’à 6h du matin, et cela jusqu’à nouvel ordre » dans la ville de Beni et les agglomérations qui ont été investies par les assaillants ces dernières semaines.
La Monusco rappelle aussi qu’il y a deux ans encore, un tiers du territoire de la RDC était confronté aux violences armées. Moins de 10% sont désormais concernés.