Il y a deux ans, la démission de Robert Mugabe avait été accueillie dans la liesse au Zimbabwe. Le départ du vieil autocrate, au pouvoir depuis près de quatre décennies, semblait la promesse d’une nouvelle ère. Quelques mois plus tard, l’élection contestée d’Emmerson Mnangagwa, ancien proche du président déchu, a douché les espoirs des Zimbabwéens.
Deux ans après le départ de Robert Mugabe, le Zimbabwe s’enfonce dans une crise économique sans fin et toute critique contre le pouvoir est sévèrement étouffée. En effet, les promesses d’ouverture politique et économique d’Emmerson Mnangagwa sont restées lettre morte.
Le pasteur Evan Mawarire, une figure de la contestation du temps de Robert Mugabe, affirme même que « plus de personnes ont été arrêtées ces deux dernières années que durant toute la présidence de l’ancien chef de l’État. » Une affirmation difficile à confirmer.
Mais les faits sont là : ce mercredi, la police armée de canon à eau a une nouvelle fois brutalement dispersé un rassemblement du Mouvement pour le changement démocratique, le principal parti d’opposition, dans la capitale Harare. Une scène qui se répète à chaque manifestation. Régulièrement précédées par l’enlèvement et la détention arbitraires de militants de la société civile.
Une économie exsangue
Les tensions sociopolitiques sont d’autant plus fortes que le Zimbabwe traverse aujourd’hui l’une de ses pires crises économiques, avec une inflation à près de 300%. Les conséquences sont dramatiques, notamment pour le système de santé, en ruine. Les médecins zimbabwéens, qui gagnent environ 150 dollars par mois, sont en grève depuis près de trois mois.
Pour tenter d’étouffer leur mouvement, le gouvernement a annoncé il y a deux semaines le licenciement de 211 médecins grévistes. Une méthode déjà appliquée par Emmerson Mnangagwa lors d’une grève des infirmières de l’hôpital public en 2018. Ces derniers mois, les Zimbabwéens ont dû se rendre à l’évidence : la chute de Robert Mugabe n’aura pas suffi à mettre fin à leurs souffrances.