Le gouverneur du Sud-Kivu Theo Ngwabidje Kasi est parti vendredi dernier avec la Monusco dans cette zone de conflits, où des dizaines de villages ont été brûlés et des milliers de personnes déplacées depuis mars dernier, en vue de remettre un rapport au chef de l’État. En cause : des affrontements entre groupes congolais et étrangers, ainsi que d’anciennes tensions intercommunautaires.
Avec notre envoyé spécial sur les hauts plateaux du Sud-Kivu, Daniel Ngorombi Tschube
Sur les hauts plateaux, la pluie, le vent et le froid éprouvent les déplacés. Bertan Machozi a 25 ans, elle fuit sa maison depuis mai dernier et s’est réfugiée à Bijombo. « Notre principale difficulté, témoigne-t-elle, c’est que nous n’avons pas de bâches, nous passons la nuit à l’extérieur. »
Il n’y a pas que les bâches qui manquent : il y a aussi la nourriture. Le gouverneur du Sud-Kivu a promis l’arrivée de 80 tonnes de denrées alimentaires dans les prochains jours. Pour les déplacés de Mikenge comme Justin Luyahabuka, il y a urgence. « Nos conditions de vie ne sont pas bonnes, explique-t-il. Il y a de plus en plus de gens qui tombent malades et nous n’avons pas de médicaments. »
Les déplacés des hauts plateaux en appellent tous au gouvernement et à la communauté internationale. David Machire est éleveur, il a perdu sa maison et toutes ses vaches. « C’est à la communauté internationale de protéger la communauté qui est en danger. Nous demandons au gouvernement congolais de s’intéresser à ce qui se passe [et de nous fournir] la paix et la sécurité, pour que la population puisse regagner leurs villages respectifs. »
À Bijombo, l’armée n’est toujours pas déployée. La Monusco a déployé plusieurs bases temporaires auprès desquelles se sont réfugiés des milliers de déplacés.
Une situation similaire à Mikenge
Le gouverneur Theo Ngwabidje Kasi a dit voir une lueur d’espoir à Mikenge, où grâce à la présence des casques bleus, les déplacés de toutes les communautés vivent ensemble.
Ici, toutes les communautés témoignent des mêmes violences, comme Denise Asha, de la communauté des Bafuliero. « Nos vaches ont été volées, des maisons incendiées. Les femmes sont violées ici et n’ont aucune assistance. D’autres sont en train d’accoucher. »
Si la vie en cohabitation est possible à Mikenge, c’est grâce à la présence d’une base temporaire de la Monusco. « Nous avons déjà perdu deux personnes ici, un Mushi et un Munyamulenge, témoigne Nyangera Weka, un Mushi. Nous avons de la chance puisque nous sommes ici avec la Monusco. Si la Monusco n’était pas avec nous, nous serions déjà tués. »
Mais les conditions de vie et la sécurité restent très mauvaises pour ces plus de 2 000 déplacés, comme l’explique Salam Bwiho, de la communauté Banyamulenge : « Depuis le début du mois, nous ne trouvons pas d’assistance sur le plan de la sécurité. Nous pourrions être attaqués à n’importe quelle heure là où nous sommes. »
Alors que les groupes armés issus de ces communautés s’affrontent, à Mikenge, les déplacés continuent d’espérer une cohabitation pacifique.
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