Coup de projecteur sur le premier des cinq candidats à la mairie d’Antananarivo : Naina Andriantsitohaina, présenté par le parti présidentiel. Sa campagne, fastueuse par rapport à celle de ses compétiteurs, rappelle celle du candidat Rajoelina l’an dernier, aujourd’hui président de la République.
On se croirait un an en arrière : shows avec des stars de la chanson, clips de campagne diffusés en continu sur des camions dotés d’écrans géants, distribution à profusion de t-shirts oranges… Seules les paroles et la photographie sur les logos rappellent qu’il ne s’agit plus du candidat Rajoelina mais bien de Naina Andriantsitohaina, capitaine d’industrie et descendant de l’une des plus grandes familles de l’île.
Sa première mesure : augmenter les salaires des employés communaux
Comme chaque jour depuis le début de la campagne, ses descentes sur terrain se terminent par un spectacle animé par des artistes en vogue. Sur scène, entre deux chansons qui électrisent la foule, le quinquagénaire en chemise blanche, encore un peu mal à l’aise de devoir faire lui aussi le show sur l’estrade, s’adresse à ses futurs électeurs : « Aujourd’hui encore, j’ai visité les quartiers. Et c’est toujours la même chose : routes défoncées, toilettes inexistantes, toujours plus d’ordures dans les rues. Nous en avons marre. Ça suffit ! Ça suffit d’asservir le peuple ! »
Le candidat l’a promis, sa première mesure sera d’augmenter les salaires des employés communaux. Comment ? « Il faut déjà améliorer le recouvrement, ça c’est la première chose, explique-t-il. Il n’y a que 50% des impôts qui sont recouvrés ! Les gens sont identifiés. Pourquoi on ne recouvre pas les impôts ? Ça n’a pas de sens ! La population que j’ai rencontrée ce matin n’est même pas recensée. Personne ne paie d’impôt. Certains paient une espèce de racket quand ils vendent sur un trottoir. Ou s’ils sont taxis, on leur prend de l’argent et ça ne rentre pas dans les caisses. Donc l’idée, c’est que tout cet argent qui est versé, mais pas dans les caisses de la commune, il faut le remettre dans les caisses pour qu’il puisse servir à quelque chose. Aujourd’hui, le budget ne sert qu’à payer les salaires de la commune, il n’y a aucun investissement de fait. »
Des origines aristocratiques revendiquées
Si le tout récent ex-ministre des Affaires étrangères ne cache pas sa proximité avec le chef de l’État, il revendique néanmoins son indépendance et affirme qu’il saura marquer ses distances avec le pouvoir. « La mission de la commune, ce n’est pas la mission du gouvernement. Si on parle d’eau et d’électricité, il faut trouver des solutions [à ces coupures et délestages récurrents, NDLR]. La commune doit valoriser ses déchets pour produire de l’énergie avec. Elle doit valoriser ses lacs, installer des panneaux solaires. La mission de la commune, c’est d’éclairer la ville. Maintenant, il faut le faire de manière intelligente et ne pas attendre que ce soit l’État qui le fasse. »
Accusé par ses détracteurs d’être trop éloigné des besoins de la population tananarivienne, du fait de ses origines aristocratiques, Naina Andriantsitohaina rétorque : « On a reproché souvent à l’élite, en particulier [à l’ethnie] Merina, de ne pas s’être impliquée dans la politique et de ne pas avoir aidé le pays. Pour une fois qu’aujourd’hui on a quelqu’un qui a la possibilité de le faire, qui a les réseaux pour le faire, qui a l’expérience pour le faire, j’estime que c’est une chance et je pense que la population aujourd’hui est en train de le comprendre. »
S’il est élu, l’entrepreneur à succès s’est promis de redonner à la capitale son lustre d’antan et une meilleure qualité de vie à ses habitants.
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